Genève – Depuis le début de la pandémie, le défi de l’accès abordable et durable à l’oxygène ne cesse de croître dans les pays à faibles et moyens revenus.
La COVID-19 a plongé les systèmes de santé dans la détresse. Dans de nombreux PFR-PRI, les hôpitaux connaissent une pénurie d’oxygène, entraînant des décès qui auraient pu être évités. De plus, des familles de patients hospitalisés payent plus cher pour profiter des rares réserves d’oxygène.
Bien que l’oxygène soit vital pour traiter efficacement les patients hospitalisés atteintd de COVID-19, l’accès à cette ressource est limité dans les PFR-PRI en raison des obstacles liés aux coûts, aux infrastructures et à la logistique. Les établissements de soins de santé n’ont souvent pas accès à l’oxygène dont ils ont besoin, entrainant des décès qui auraient pu être évités.
L’urgence d’une nouvelle initiative se fait sentir. Tenant compte aujourd’hui l’importance de l’oxygène aux côtés d’autres traitements clés tels que la dexaméthasone, le pilier thérapeutique de l’Accélérateur ACT, (codirigé par Unitaid et Wellcome), en partenariat avec un consortium de partenaires dirigé par l’OMS[1], annonce le lancement d’un groupe de travail chargé de la gestion de la crise de l’oxygène liée à la COVID-19.
Actuellement, on estime que plus d’un demi-million de personnes dans les PFR-PRI ont besoin de 1,1 million de bouteilles d’oxygène par jour[2], et ce dans un contexte où 25 pays, majoritairement situés en Afrique, signalent des pics de demande. L’offre, déjà limitée avant la pandémie de COVID-19, a été exacerbée par cette dernière.
Philippe Duneton, Directeur exécutif d’Unitaid, a déclaré : “Il s’agit d’une urgence mondiale qui nécessite une réponse véritablement mondiale, tant de la part des organisations internationales que des donateurs. De nombreux pays connaissaient, déjà avant la pandémie, des difficultés d’approvisionnement en oxygène pour couvrir leurs besoins quotidiens. Il est aujourd’hui plus vital que jamais d’allier nos forces pour construire sur les fondements déjà posés, et de faire preuve d’un engagement ferme pour aider les pays les plus touchés le plus rapidement possible“.
Le groupe de travail a identifié un besoin en financement immédiat de 90 millions de dollars pour résoudre les principaux problèmes d’accès à l’oxygène dans une vingtaine de pays, dont le Malawi, le Nigeria et l’Afghanistan. Ce premier ensemble de pays a été déterminé sur la base d’évaluations coordonnées par le Programme de gestion des situations d’urgence sanitaire de l’OMS. L’objectif était de faire coïncider les pays et leurs besoins avec les bailleurs potentiels, tels que le Fonds mondial et la Banque mondiale[3]. Unitaid et Wellcome apporteront une contribution initiale immédiate à hauteur de 20 millions de dollars sur le total de la réponse d’urgence. Les besoins urgents et à court terme que connaissent les pays supplémentaires seront identifiés et chiffrés dans les semaines à venir. L’ACT-A estime le besoin global en financement sur les 12 prochains mois à 1,6 milliard de dollars américains, un chiffre qui sera régulièrement réexaminé par le groupe de travail.
Le Dr Mike Ryan, directeur exécutif du programme d’urgence sanitaire de l’OMS, a déclaré : “L’oxygène sauve des vies. Il est impératif d’en accélérer le passage à l’échelle de manière globale avec des solutions de bout en bout centrées sur le patient qui puissent améliorer les résultats cliniques. L’OMS a travaillé en lien avec le Consortium biomédical pour réunir les partenaires techniques, cliniques et ceux en charge de l’approvisionnement, avec environ 80 millions de dollars d’équipement biomédical acheté pour les pays à revenu faible et intermédiaire. Le groupe de travail sur l’oxygène contribuera à l’expansion de l’oxygène par le biais d’innovations, de financements et de capacités supplémentaires”.
Paul Schreier, directeur des opérations de Wellcome, a déclaré : “Nous avons réalisé des progrès décisifs dans la mise à disposition de soins et de traitements vitaux pour les patients atteints de COVID-19 au cours de l’année dernière. L’impact de la combinaison entre l’oxygène et la dexaméthasone pour traiter les patients gravement malades a notamment été incroyable. Mais l’accès aux avancées reste inégal dans le monde entier. Nous devons de toute urgence améliorer l’accès à l’oxygène médical pour que les patients en bénéficient, où qu’ils soient et quelle que soit leur capacité à payer. La solidarité internationale est la voie la le plus rapide – et la seule – pour sortir de cette pandémie. La mise à disposition de tous les outils au niveau mondial est un impératif de santé publique, scientifique, économique et moral “.
Le groupe de travail rassemble les principales organisations[4] qui se sont engagées à améliorer l’accès à l’oxygène depuis le début de la pandémie, notamment l’OMS, l’Unicef, le Fonds mondial, la Banque mondiale, la CHAI et PATH. Dans ce contexte, les partenaires du groupe de travail se concentreront sur quatre objectifs clés définis dans le cadre d’un plan d’intervention d’urgence : mesurer les besoins en oxygène à court et à long terme dans les PFR-PRI ; mettre les pays en relation avec des partenaires financiers en fonction de leurs besoins en oxygène estimés ; et soutenir l’achat et l’approvisionnement d’oxygène et des produits et services connexes. Le groupe de travail a également pour mission de répondre au besoin d’interventions novatrices en matière de structuration du marché, mais aussi d’encourager les efforts de sensibilisation, afin de souligner l’importance de l’accès à l’oxygène dans le cadre de la lutte contre la COVID-19.
La Directrice générale de l’UNICEF, Henrietta Fore a déclaré : “l’administration d’oxygène est une intervention médicale simple dont trop de personnes dans le monde sont encore privées. La pandémie de COVID-19 a fait de cette pénurie une urgence à part entière. Y répondre ne permettra pas seulement de contribuer au traitement de la COVID-19 dans les pays où un nombre important de vies pourraient être sauvées mais également d’améliorer les systèmes de santé et les résultats sanitaires à long terme, notamment pour les nombreux nouveau-nés et enfants qui ont besoin d’oxygène pour survivre”.
[1] Dans le cadre du Système de chaîne d’approvisionnement des Nations Unies pour la COVID-19, un consortium technique de fourniture d’équipements biomédicaux a été mis en place sous la coordination de l’OMS, incluant ALIMA, la BMGF, l’IMC, MSF le PNUD, le HCR, Unicef, l’UNOPS, USAID et le PAM. Environ 150 millions de dollars de dispositifs biomédicaux et de consommables liés à l’oxygène ont été fournis à 149 pays au cours de l’année dernière.
[2] https://www.path.org/programs/market-dynamics/covid-19-oxygen-needs-tracker
[3] Les gouvernements peuvent demander un financement à travers la réponse d’urgence pour la COVID-19 de la Banque mondiale.
[4] Le groupe de travail comprend Unitaid, Wellcome, l’OMS (et le consortium biomédical coordonné par l’OMS), Unicef, le Fonds mondial, la Banque mondiale, l’UNOPS, Save the Children, Every Breath Counts (coalition), la CHAI et PATH.
Remarques du rédacteur et contexte
Même avant la COVID-19, la pneumonie était la maladie infectieuse qui faisait le plus de victimes chez les adultes et les enfants à travers le monde, dénombrant 2,5 millions de victimes en 2019. La pandémie a exacerbé ce problème, en particulier dans les pays qui connaissent un « double fardeau », à savoir ceux qui sont confrontés à des niveaux élevés de pneumonie et de COVID-19. Outre la réponse aux impératifs immédiats imposés par la pandémie, le groupe de travail cherche à tirer parti des progrès réalisés dans ce domaine, afin de contribuer à la lutte à long terme contre la pneumonie.
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