Madrid – Nous avons besoin de toute urgence d’outils innovants pour lutter contre le paludisme et d’autres maladies vectorielles afin de faire face à la résistance croissante aux insecticides qui est en train de saper les mesures de protection, telles que la pulvérisation d’insecticide à l’intérieur des habitations et l’utilisation de moustiquaires. Des experts internationaux de la santé publique sont réunis aujourd’hui à Madrid pour relever les défis posés par ces maladies et explorer de nouvelles façons d’y répondre.
Le paludisme, la dengue, la fièvre jaune et d’autres maladies tropicales négligées sont toutes transmises par des « vecteurs » tels que les moustiques, les tiques, les mouches et les puces. Plusieurs de ces maladies, y compris la plus meurtrière d’entre elles, le paludisme, sont évitables. Les maladies vectorielles représentent près d’un cinquième des maladies infectieuses dans le monde et causent plus de 1 million de décès chaque année. La « lutte anti-vectorielle » englobe toute une gamme d’interventions visant à prévenir le paludisme et d’autres maladies vectorielles.
« Les outils de lutte anti-vectorielle jouent un rôle essentiel dans le contrôle et l’élimination des maladies vectorielles », a déclaré le Dr Antoni Plasència, directeur général de l’Institut pour la santé mondiale de Barcelone (ISGlobal), qui est soutenu par la fondation « la Caixa », dans sa prise de parole lors de l’ouverture de la conférence de deux jours consacrée à l’innovation dans le domaine des outils de lutte anti-vectorielle. « Les progrès futurs contre ces maladies sont menacés en raison de la résistance croissante aux insecticides, à l’origine d’une transmission des maladies résiduelle et à l’extérieur. Il est donc indispensable d’investir dans la recherche et le développement pour trouver de nouvelles solutions permettant de relever ces défis, et il s’agit de l’une de nos priorités au sein d’ISGlobal ».
Unitaid, organisateur de la conférence dans le cadre de son partenariat avec ISGlobal, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et la Fundación Ramón Areces, lance aujourd’hui un appel visant à solliciter des propositions d’interventions qui permettront d’accélérer le développement de nouveaux outils de lutte anti-vectorielle pour prévenir le paludisme. Des outils susceptibles de traiter d’autres maladies vectorielles en plus du paludisme présentent un intérêt particulier.
Par ses appels à propositions, Unitaid sollicite des idées nouvelles judicieuses pour aider à lutter contre les maladies telles que le VIH/Sida, la tuberculose et le paludisme, et finance les plus prometteuses d’entre elles.
« A travers cet appel à projets, nous espérons stimuler l’esprit d’innovation et le développement de nouveaux outils afin de prévenir le paludisme et d’autres maladies vectorielles » explique Lelio Marmora, Directeur exécutif d’Unitaid. « Le modèle d’intervention d’Unitaid consiste à investir dans l’innovation et à ouvrir la voie à ses partenaires afin qu’ils déploient à plus grande échelle ces nouveaux produits de santé et nouvelles approches ».
Bien que les investissements dans la recherche et le développement (R&D) en matière de lutte anti-vectorielle aient débouché sur de nouveaux produits, plusieurs obstacles freinent l’introduction et le déploiement à grande échelle de ces produits. Il s’agit notamment du coût et de la complexité de la dernière phase de R&D, de la nécessité d’obtenir un bon prix pour les produits afin de s’assurer qu’ils sont rentables mais aussi abordables, et des difficultés liées à l’adoption de nouveaux outils par les programmes nationaux.
L’OMS a récemment appelé à accroître les efforts visant à prévenir le paludisme et à sauver des vies. En Afrique subsaharienne, région qui supporte 90 % de la charge mondiale du paludisme, plus de 663 millions de cas ont été évités depuis 2001, en grande partie grâce aux moustiquaires imprégnées d’insecticide.
« Pour le paludisme, nous savons que la prévention fonctionne. Le défi consiste désormais à combler l’écart en matière de prévention », a déclaré le Dr Pedro Alonso, directeur à l’OMS du Programme mondial de lutte antipaludique, lors de la conférence. « L’innovation est essentielle pour développer de nouveaux outils de diagnostic, de traitement et de prévention, y compris de nouveaux outils de lutte anti-vectorielle, mais la réalité est que beaucoup de personnes exposées au risque de contracter le paludisme en Afrique n’ont même pas accès aux traitements et aux outils de prévention du paludisme existants.
L’OMS recommande un ensemble d’approches de prévention du paludisme qui ont fait leurs preuves, notamment l’utilisation de moustiquaires imprégnées d’insecticide, la pulvérisation d’insecticide à l’intérieur des habitations et les traitements préventifs pour les groupes les plus vulnérables, à savoir les femmes enceintes, les enfants de moins de cinq ans et les nourrissons. On estime qu’en 2015, 43 % des personnes exposées au risque de paludisme en Afrique subsaharienne n’étaient pas protégées par les moustiquaires ou les pulvérisations d’insecticide à l’intérieur des habitations.
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