Au niveau mondial, les progrès accomplis dans la réalisation des objectifs visant à éradiquer, d’ici 2030, les épidémies de sida, de tuberculose et de paludisme, ainsi que les décès évitables de nouveau-nés et d’enfants de moins de cinq ans, ne sont pas suffisants. En outre, le monde est de plus en plus vulnérable aux urgences sanitaires, ce qui aggrave les retards dans l’accomplissement des objectifs de santé publique.
Malgré l’existence d’une liste de médicaments éprouvés pour lutter contre les maladies infectieuses et l’ajout récents de nouvelles options, des difficultés persistent. Ces difficultés sont en grande partie liées à l’insuffisance des possibilités d’accès dont disposent les populations vulnérables, en raison des exigences d’application complexes associées à ces possibilités, ainsi qu’à l’absence de vaccins pour certaines maladies. Il est nécessaire de trouver des solutions novatrices pour mieux répondre aux besoins des populations les plus vulnérables, pour permettre à la riposte mondiale de progresser efficacement dans la réalisation des objectifs, pour améliorer les soins de santé universels et pour préparer la réponse aux menaces émergentes.
Les anticorps monoclonaux peuvent être développés pour traiter ou prévenir un vaste éventail de maladies. De par leur capacité à fournir une réponse plus rapide, plus tolérable et très efficace, en complément d’autres stratégies reposant sur les petites molécules et les vaccins, ils recèlent un potentiel considérable pour ce qui est de répondre aux besoins de santé non réalisés. Les anticorps monoclonaux révolutionnent déjà la médecine moderne dans les pays à revenu élevé, et ils pourraient améliorer grandement la gestion des problèmes majeurs de santé publique dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. De plus, ils constituent l’une des contre-mesures médicales les plus rapides à déployer au cours d’une urgence sanitaire, car ils peuvent être promptement isolés chez les personnes rétablies d’une maladie et offrent une protection rapide contre l’infection une fois administrés à d’autres.
Pourtant, malgré ces promesses, on observe d’importantes inégalités dans l’accès aux anticorps monoclonaux au niveau mondial. Les prix très élevés, les capacités de production insuffisantes et le manque de prévisibilité de la demande comptent parmi les principaux obstacles qui compromettent l’utilisation de ces anticorps dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Une telle situation perpétue le manque d’intérêt commercial envers les marchés de la lutte contre les maladies infectieuses et ne fait rien pour inciter à l’innovation en vue de réduire le coût de la production et de la fourniture d’anticorps monoclonaux nécessaires pour répondre aux besoins de ces pays.
Un changement de paradigme s’impose concernant les modèles commerciaux, et la collaboration entre les secteurs est essentielle pour assurer la disponibilité, l’offre à des prix abordables et l’acceptabilité des anticorps monoclonaux dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Il convient de s’atteler à déterminer quels sont les produits en cours de développement dont les cas d’utilisation favoriseront le mieux leur déploiement dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, ainsi qu’à étudier quels pourraient être la demande et les canaux de financement pour de tels produits, en tenant dûment compte des éventuels autres outils déjà disponibles ou émergents.
En mars 2023, Unitaid a co-organisé une consultation mondiale et multipartite au sujet des nouveaux modèles commerciaux permettant l’offre d’anticorps monoclonaux accessibles pour traiter les maladies infectieuses dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, avec le Medicines Patent Pool, la fondation Wellcome et l’initiative IAVI et avec le soutien de la Fondation Bill & Melinda Gates. Les recommandations issues de cette consultation ont été résumées dans un rapport disponible en ligne, soulignant la nécessité d’efforts concertés pour mener une analyse approfondie et une validation des modèles commerciaux viables, notamment en définissant mieux les cas d’utilisation des produits, la taille du marché, les portefeuilles de produits durables, la capacité de production et les possibilités de réduction des coûts.