Appel à propositions : Atténuer la résistance aux médicaments antipaludiques en Afrique

Date Posted
15 December 2022
Call Status
Closed
Échéance

vendredi, 11 août 2023 à 00h00

Unitaid a le plaisir de lancer le présent appel à propositions, dont le but est d’atténuer la résistance aux médicaments antipaludiques en Afrique par des interventions qui diversifieront rapidement l’utilisation des combinaisons thérapeutiques à base d’artémisinine (CTA).

Contexte

La résistance aux médicaments antipaludiques en Afrique est une menace urgente pour la lutte contre le paludisme. Pour traiter le paludisme, l’OMS recommande six combinaisons thérapeutiques à base d’artémisinine (CTA), qui allient des composés à base d’artémisinine et un médicament associé. La résistance partielle à l’artémisinine a été confirmée pour la première fois en Afrique, plus précisément en Érythrée, en Ouganda et au Rwanda, mais les experts estiment que le problème est probablement plus répandu. Cette résistance partielle à l’artémisinine augmente le risque d’émergence de novo d’une résistance aux médicaments associés et, surtout, la propagation de parasites moins sensibles aux médicaments associés, ce qui peut entraîner des échecs de traitement clinique. Étant donné la forte dépendance à l’égard des CTA en Afrique, qui concentre la majorité des cas, et le risque que la résistance à l’artémisinine représente pour notre capacité à assurer la qualité de la gestion des cas à l’avenir, la résistance aux médicaments est une menace qui doit être abordée de toute urgence. La gravité de cette menace pousse les partenaires mondiaux à se mobiliser rapidement, avant que ce phénomène n’entraîne des revers majeurs.

Les nouveaux traitements non basés sur l’artémisinine ne seront pas disponibles avant 2026, et le candidat le plus prometteur (ganaplacide-luméfantrine) repose sur le même médicament associé que l’artéméther-luméfantrine, la CTA la plus largement utilisée. En attendant que ce nouveau médicament soit disponible, préserver l’efficacité de la luméfantrine est donc une priorité absolue. Puisque les CTA restent le traitement principal du paludisme, les stratégies d’atténuation de la résistance à court terme se concentrent sur la diffusion à plus grande échelle des CTA de qualité et sur le soutien à leur utilisation optimale, parallèlement à d’autres démarches d’atténuation de la résistance aux médicaments.

Bien que de nombreuses options de CTA de qualité soient disponibles, le marché actuel des CTA n’est pas structuré de façon optimale pour limiter la pression médicamenteuse, et la dépendance excessive à une seule CTA pourrait être à l’origine de la résistance en Afrique. La plupart des pays africains utilisent l’artéméther-luméfantrine en tant que traitement de première intention et 30 pays africains utilisent exclusivement cette combinaison, bien que plusieurs pays aient inclus d’autres CTA parmi les options de première intention dans leurs directives de traitement. La part de l’artéméther-luméfantrine dans les achats de CTA financés par les donateurs est supérieure à 80 %. Avec une telle dépendance à l’égard de cette combinaison, la résistance partielle à l’artémisinine pourrait provoquer une situation d’urgence et déclencher la propagation rapide de la résistance à la luméfantrine, entraînant une augmentation des cas et des décès. Ce phénomène risquerait de compromettre le développement de l’option la plus avancée des solutions en cours d’élaboration.

Dans sa stratégie de riposte à la résistance aux médicaments antipaludiques en Afrique[1], récemment publiée, l’OMS recommande notamment de diversifier rapidement les marchés nationaux des CTA pour réduire la pression médicamenteuse. Dans cette stratégie, l’OMS demande également que la recherche s’emploie à combler les lacunes en matière de données probantes sur les approches innovantes (par exemple la multiplicité des CTA de première intention) pour améliorer l’utilisation des outils actuels, ainsi qu’à examiner la manière dont ces approches pourraient favoriser la lutte contre les facteurs de résistance. Pour diversifier les marchés des CTA, il serait judicieux de mener des interventions qui éliminent les obstacles à l’offrecréent de la demande pour les CTA dont le taux d’utilisation est limité et génèrent des données probantes sur des stratégies comme les traitements multiples de première intention (MFT) pour atténuer la résistance aux médicaments.

Certaines nouvelles CTA, en particulier l’artésunate-pyronadine (ASPY), offrent des possibilités de diversification du marché des CTA. L’artésunate-pyronadine est disponible depuis 2019, mais, bien qu’il ne requière d’être pris qu’une fois par jour, l’adoption de ce traitement est faible, principalement en raison de son prix élevé (trois à quatre fois le prix de l’artéméther-luméfantrine), du dosage par tranches de poids spécifiques et de problèmes de sûreté initiaux, quoique désormais résolus. Le prix élevé de l’artésunate-pyronadine est dû aux faibles volumes/à la faible demande, à l’absence de concurrence et aux coûts élevés du principe pharmaceutique actif, la pyronadine. La dihydroartémisinine-pipéraquine est elle aussi moins exigeante quant au nombre de comprimés à prendre, et sa part de marché a récemment augmenté, mais il n’y a qu’un seul fournisseur de la formulation adaptée aux enfants dont la qualité est garantie et les prix sont également trois fois supérieurs à ceux de l’artéméther-luméfantrine. Bien que cette combinaison présente un risque de développement d’une résistance en raison de la longue demi-vie de la pipéraquine, une surveillance étroite peut garantir une détection précoce accompagnée d’une démarche de suivi.

Il convient de s’atteler à mieux structurer le marché de l’offre pour rendre l’artésunate-pyronadine plus abordable et augmenter la capacité de production des fournisseurs. Les partenaires de la lutte contre le paludisme développent actuellement des interventions sur le marché, par exemple une garantie de volume et l’évaluation de la nécessité d’un dispositif de co-paiement apte à compenser les prix plus élevés. Parmi les autres interventions étudiées par les partenaires figure la réduction du coût de la pyronadine en tant que principe pharmaceutique actif. Il est nécessaire de générer de la demande pour l’artésunate-pyronadine afin d’en développer le marché et d’en faire baisser les prix. Pour cela, il convient notamment de soutenir l’adoption rapide de ces combinaisons et de tester de nouvelles méthodes de distribution afin de combler les principales lacunes en matière de données probantes. Ces mesures viendraient compléter d’autres initiatives prévues ou envisagées, notamment une garantie de volume, des achats groupés, un dispositif de co-paiement, l’apport d’une assistance aux nouveaux fournisseurs d’artésunate-pyronadine pour leur faciliter l’entrée sur le marché, et l’apport d’une assistance technique aux pays pour l’élaboration de politiques nationales et de stratégies en faveur des traitements multiples de première intention.


[1] L’OMS a lancé la stratégie de lutte contre la résistance aux médicaments antipaludiques en Afrique le 18 novembre 2022, à l’occasion de la Semaine mondiale pour un bon usage des antimicrobiens (https://www.who.int/publications/i/item/9789240060265). Dans cette stratégie, l’Organisation propose que les pays, les organismes régionaux et les partenaires mondiaux répondent à cette menace en s’appuyant sur quatre piliers d’action. Dans le Pilier II, l’OMS recommande de diversifier rapidement les marchés nationaux des CTA afin de réduire la pression médicamenteuse.

Cadre de l’appel à proposition

Outils

Dans le cadre de cet appel, Unitaid examinera les propositions qui comprennent un appui à l’adoption et à l’utilisation généralisée de l’artésunate-pyronadine et éventuellement d’autres antipaludiques dans le cadre des stratégies de traitements multiples de première intention.

Domaines d’activité

Des propositions sont sollicitées pour les interventions suivantes :

Soutenir l’introduction de produits à grande échelle dans plusieurs pays afin d’accélérer la demande et l’adoption de l’artésunate-pyronadine et générer des données probantes pour les stratégies de gestion de la résistance comme les CTA multiples de première intention.

Le soutien à l’introduction de produits à grande échelle dans plusieurs pays est nécessaire pour appuyer la diversification des CTA. Il permettrait d’accroître la demande de CTA dont l’utilisation est limitée, c’est-à-dire l’artésunate-pyronadine, de créer les premiers volumes à introduire sur le marché pour favoriser les efforts des partenaires de santé mondiale et les initiatives de réduction des prix et, parallèlement, de combler les principales lacunes en matière de connaissances. Pour atteindre ce dernier objectif, il convient notamment de démontrer la manière d’introduire l’artésunate-pyronadine aux côtés d’autres CTA tout en respectant le dosage par tranches de poids spécifiques, ainsi que d’évaluer la faisabilité et le rapport coût-efficacité/volonté d’assumer les coûts des stratégies de traitements multiples de première intention. Ces stratégies peuvent inclure une rotation des CTA, des modèles en « mosaïque » ou une diversification des CTA par région ou par groupe d’âge. D’autres stratégies innovantes qui reposeraient sur une adaptation au niveau infranational ou sur la mise en œuvre de MFT dans les secteurs public et privé pourraient également être envisagées. Pour concevoir des stratégies appropriées, il convient de réaliser des évaluations de la répartition des CTA dans chaque pays afin d’orienter les approches. Les données probantes générées par les projets couvrant plusieurs pays seraient donc des contributions importantes aux recommandations stratégiques et aux directives opérationnelles de l’OMS, permettant en outre d’engranger des données pour soutenir un déploiement généralisé au niveau des pays.

En général, les coûts des produits de base pour les volumes d’achat sont censés être couverts par les subventions nationales ordinaires du Fonds mondial et de la PMI. Il est envisagé d’instaurer un dispositif de co-paiement limité dans le temps ou d’autres interventions visant à structurer le marché pour l’artésunate-pyronadine de manière à permettre aux pays de déployer des CTA plus coûteuses sans compromettre les ressources allouées à l’ensemble des traitements.

Paramètres d’intérêt

  1. Pays présentant des preuves de résistance partielle à l’artémisinine
    Les pays prioritaires sont ceux où une résistance à l’artémisinine a déjà été détectée, incluant l’Érythrée, le Rwanda, la Tanzanie, le Kénya et l’Ouganda.
  2. Pays préoccupés par une efficacité réduite ou en déclin
    Dans des pays comme le Burkina Faso, la République démocratique du Congo et l’Angola, des échecs de traitement ont récemment été signalés dans certains lieux, mais la méthode de détection utilisée n’est pas recommandée par l’OMS. Tant que l’on ne saura pas si des problèmes méthodologiques ont pu fausser les résultats dans ces pays, ceux-ci resteront potentiellement préoccupants, et il demeurera nécessaire de réduire l’utilisation de l’artéméther-luméfantrine tout en augmentant l’adoption d’autres CTA disponibles.
  3. Pays ne présentant pas de preuves concrètes de résistance partielle à l’artémisinine ou d’efficacité réduite de l’artémisinine
    Dans les pays où aucune résistance n’a encore été signalée, il est tout de même nécessaire de réduire la dépendance à l’artéméther-luméfantrine et de supprimer les obstacles à l’utilisation des autres CTA disponibles. Les pays à prendre en considération sont ceux qui présentent un risque élevé de résistance, des taux élevés de transmission du paludisme et qui affichent une volonté de diversifier l’utilisation des CTA et y sont préparés (par exemple l’enregistrement d’un produit ou son inclusion dans les directives nationales). Il convient également de tenir compte de la diversité du cadre de mise en œuvre et de la taille du marché d’un pays par rapport à sa capacité à générer les volumes nécessaires pour atteindre une échelle permettant la réduction des prix.
Informations supplémentaires

Unitaid considère que travailler avec les communautés est un élément essentiel pour créer de la demande et encourage fortement l’adoption d’approches inclusives et l’engagement communautaire pour améliorer la vie et la santé des personnes les plus vulnérables. Le rôle des communautés affectées et les collaborations prévues avec d’autres groupes concernés, y compris les organisations communautaires de base et les organisations de la société civile, sont essentiels, et ce, à toutes les étapes d’un projet ou d’un programme. Cet engagement peut être un déterminant clé du succès. Les approches communautaires sont importantes à prendre en compte lors de la conception, de la planification, de la mise en œuvre et de l’évaluation des activités et des programmes.

Unitaid accorde de l’importance aux propositions émanant de parties exécutantes qui sont basés dans les pays du Sud et ont une expérience dans la mise en œuvre de projets déployés à grande échelle dans plusieurs pays qui favorisent l’accès aux produits de santé au sein des pays. Nous invitons toutes les parties exécutantes à coordonner leur action et à collaborer. Nous nous intéressons particulièrement aux propositions susceptibles d’avoir un impact au niveau régional en Afrique.

Unitaid s’est engagé à inscrire l’action climatique et écologique au sein de sa politique d’investissement et souhaite que ses partenaires se rallient à son action. Les propositions devront indiquer :

  1. Les efforts qui seront faits pour minimiser les émissions carbone dues aux activités du projet (par exemple, pratiques d’achats plus « vertes », ou encore besoins de déplacement réduits en s’appuyant sur des équipes ou consultants basés directement dans les pays de mise en œuvre) ;
  2. Optionnel : d’éventuelles opportunités de contribuer à des co-bénéfices climat et/ou environnementaux, en synergie avec les objectifs principaux du projet.

Unitaid est prêt à considérer une éventuelle contribution financière à ce type d’activités, de manière ciblée et quand cela est justifié – en accord avec sa politique de priorisation et d’investissement (actuelle et future). Les besoins financiers correspondants doivent être estimés et indiqués explicitement dans la section budgétaire du formulaire de proposition.

Les propositions doivent être soigneusement ciblées et décrire des interventions visant spécifiquement à relever les principaux défis de l’atténuation de la résistance aux médicaments antipaludéens en Afrique et l’accès aux produits de santé. Les propositions doivent cibler le domaine d’action énoncé ci-dessus. Elles peuvent, sans obligation aucune, aborder toutes les activités décrites dans ce domaine d’activité. Elles doivent indiquer clairement les efforts et le budget qu’il est prévu de consacrer à chaque activité.

Les propositions doivent démontrer un bon rapport qualité-prix et un impact mesurable. Les propositions doivent également inclure une analyse des moyens de garantir l’impact, une éventuelle application à plus grande échelle et la viabilité des principales interventions.

Les domaines exclus du champ d’application de cet appel comprennent les propositions : a) de développement de produits, b) de garanties de volume, et c) de mise à l’échelle de l’artéméther-luméfantrine. Les activités qui font actuellement l’objet d’une enquête sont elles aussi exclues du champ d’application de cet appel, en particulier celles qui portent sur l’expansion des capacités de fabrication locale d’artésunate-pyronadine et de dihydroartémisinine-pipéraquine.

Impact recherché

Dans le cadre du présent appel à propositions, Unitaid entend améliorer l’accessibilité des produits de santé présentant un intérêt pour la santé publique dans les pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire et, tout particulièrement :

  • contribuer à la diversification de l’utilisation des produits de santé dans les pays à revenu faible ou intermédiaire ;
  • les rendre plus abordables dans les pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire ;
  • générer de la demande et accroître l’adoption et l’utilisation des produits de santé dans les pays à revenu faible ou intermédiaire ;
  • élaborer des lignes directrices autour des traitements multiples de première intention pour le paludisme.

Les objectifs énoncés ci-dessus permettront de : 1) donner lieu à des retombées positives sur la santé grâce à l’augmentation du nombre de patients traités ou à l’amélioration de l’efficacité des traitements ; 2) réaliser des économies/gagner en efficacité grâce à la disponibilité et à l’utilisation accrue de produits plus abordables ; 3) garantir un accès plus important et équitable en garantissant que les produits nécessaires sont disponibles et abordables dans les pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire. L’objectif consiste à assurer un accès généralisé à des produits de santé abordables en permettant aux gouvernements et aux partenaires de lancer des initiatives à plus grande échelle, de façon à contribuer à la réponse mondiale aux maladies qui touchent principalement les populations des pays à faible revenu ou intermédiaire.

Procédure de soumission des propositions
Aux fins de l’élaboration de votre proposition, veuillez vous référer aux documents suivants :
Pour en savoir plus

Dates importantes

16 janvier 2023

Unitaid tiendra un webinaire pour présenter les domaines couverts par l’appel à propositions et son contenu ainsi que pour répondre à toute question de procédure le lundi 16 janvier 2023 à 12h00 (midi) CET.

Pour vous inscrire au webinaire, veuillez compléter le formulaire en ligne ici. Veuillez noter que les informations de connexion seront envoyées aux participants inscrits quelques heures avant le début du webinaire. Unitaid s’efforcera de répondre aux questions ; à cette fin, nous vous invitons à utiliser l’option qui vous permet de poser des questions lors de votre inscription au webinaire.

Si vous ne pouvez pas participer au webinaire, un enregistrement de la session sera mis à disposition au bas de cette page. La participation au webinaire est facultative et vous avez la possibilité de répondre à l’appel à propositions en envoyant votre candidature avant la date limite renseignée ci-dessous.

11 août 2023

La date limite de réception des propositions complètes est fixée au vendredi 11 août 2023 à 12h00 (midi) CET. Les candidatures reçues après cette date ne seront pas prises en compte. 

Veuillez noter qu’une proposition n’est considérée comme soumise que lorsque vous recevez un courrier électronique d’Unitaid qui en accuse réception.

Veuillez noter que l’accusé de réception n’est pas un message automatisé et qu’il vous sera envoyé dans un délai d’un jour ouvrable après la date limite. Si, pour une raison quelconque, vous n’aviez pas reçu de confirmation de réception dans un délai d’un jour ouvrable, veuillez contacter proposalsUnitaid@who.int. 

Veuillez noter que notre système de messagerie électronique accepte les messages d’une taille maximale de 8 Mo. Pour les soumissions dépassant cette taille de fichier, veuillez répartir les pièces jointes sur plusieurs messages.

Ressources

Pour avoir accès aux réponses aux questions fréquemment posées relatives à l’élaboration de propositions (document mis à jour régulièrement), veuillez cliquer ici
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Pour prendre connaissance de la motivation préliminaire d’Unitaid à travailler dans ce domaine, veuillez cliquer ici
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Les candidats doivent indiquer clairement les hypothèses sur lesquelles repose l’approche qu’ils proposent et souligner tout risque majeur ou facteur éventuel susceptible d’influer sur l’obtention des résultats. Enfin, les propositions doivent faire état d’une voie à suivre simple, concrète et claire pour atteindre les résultats et l’impact escomptés.

Après évaluation des propositions et l’approbation du Conseil d’administration d’Unitaid, tous les candidats seront officiellement notifiés s’ils seront invités à élaborer une convention de subvention pour recevoir un financement d’Unitaid.