Appel à propositions : Chimioprévention du paludisme après la sortie de l’hôpital

Date Posted
28 August 2024
Call Status
Closed
Échéance

lundi, 04 novembre 2024 à 00h00

Unitaid lance un appel à propositions visant à catalyser l’adoption de stratégies contextuelles menées par les pays en matière de chimioprévention du paludisme après la sortie de l’hôpital.

Webinar on this Call for Proposals:

Contexte

L’anémie est un problème de santé publique persistant, particulièrement courant dans les pays à revenu faible ou intermédiaire et au sein des populations qui vivent dans des conditions de pauvreté et d’exclusion sociale. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime que 40 % des enfants de 6 à 59 mois sont touchés par l’anémie[1], dont la forme sévère peut s’avérer délétère pour le développement mental, moteur et cognitif. Les enfants atteints d’anémie sévère sont exposés à un risque accru de mortalité et de morbidité, et des études indiquent que l’anémie peut être à l’origine de 29 % des admissions infantiles, et jusqu’à 10 % de la mortalité à l’hôpital[2]. Les enfants admis à l’hôpital avec une anémie sévère sont exposés à un risque de décès après leur sortie cinq fois plus élevé que les enfants non anémiés, ainsi qu’à un risque important de réadmission[3]. Les progrès pour atteindre les cibles mondiales en matière d’anémie sont lents.

Le paludisme est considéré comme un facteur majeur d’anémie infantile. Les nourrissons et les enfants font partie des groupes les plus vulnérables à la transmission du paludisme ; sur les 608 000 décès imputables au paludisme enregistrés en 2022, 76 % concernaient des enfants de moins de cinq ans[4]. La progression vers les cibles mondiales en matière de paludisme reste elle aussi très lente, des millions de personnes n’ayant pas accès aux services de prévention, de détection et de traitement de la maladie.

Face à ce fardeau de santé publique, l’OMS a mis en avant la chimioprévention du paludisme comme intervention prioritaire pour réduire la prévalence de l’anémie[5], et intègre la chimioprévention du paludisme après la sortie de l’hôpital (CPSH) dans ses recommandations de prévention depuis 2022[6]. La CPSH consiste à administrer un traitement antipaludique complet à intervalles réguliers après la sortie de l’hôpital des enfants admis avec une anémie sévère, quel que soit le statut du paludisme, dans les environnements où le risque de transmission du paludisme est modéré à élevé. La CPSH vise à prévenir de nouvelles infections par le paludisme chez les enfants vulnérables dans la période qui suit une hospitalisation, alors que le risque de réadmission ou de décès est maximal. La recommandation de l’OMS s’appuie sur des données démontrant qu’une CPSH de trois mois est associée à une baisse de 77 % de la mortalité pendant la période d’intervention, et à une réduction de 55 % des réadmissions toutes causes confondues dans les six mois suivant la sortie de l’hôpital[7]. Des études montrent également que les stratégies de CPSH sont moins coûteuses et plus efficaces que la prise en charge standard pour augmenter l’espérance de vie ajustée selon l’état de santé[8].

Alors que les interventions de CPSH ont un potentiel transformateur pour les populations très vulnérables, leur adoption par les pays est lente et des obstacles majeurs à l’accès demeurent.

Malgré des résultats d’essais encourageants concernant l’impact et le rapport coût-efficacité de la CPSH, l’OMS n’a émis qu’une recommandation conditionnelle en raison de nombreuses lacunes dans la recherche. Les questions en suspens comprennent la durée optimale d’intervention dans différents contextes géographiques et de transmission, l’impact sur différents groupes à risque, des aspects liés au choix des médicaments, les stratégies d’amélioration à grande échelle de l’observance des patientes et des patients, la faisabilité de divers mécanismes de réalisation et le coût des différentes approches. Les réponses à ces questions de recherche permettraient de préciser les orientations de mise en œuvre planifiée émises par l’OMS.

Contrairement à d’autres stratégies de chimioprévention du paludisme, notamment la chimioprévention du paludisme saisonnier et la chimioprévention du paludisme durable, il n’existe pas de plateforme unique qui puisse être utilisée pour mettre en œuvre la CPSH. Des expériences pilotes ont adopté divers systèmes de mise en œuvre (p. ex. au niveau des structures ou par les agentes et agents de santé communautaires), mais la détermination de ces systèmes est le plus souvent laissée aux programmes de pays et ne figure pas dans la recommandation de l’OMS. De nouvelles orientations pourraient faciliter le choix des stratégies de réalisation les plus efficaces localement.

Des incertitudes demeurent quant au mode de déploiement le plus efficace de la CPSH lorsque d’autres stratégies de lutte contre le paludisme sont en place, notamment concernant la sécurité, la faisabilité et l’impact de la CPSH en présence d’autres interventions de chimioprévention du paludisme, mais aussi dans le contexte de différentes approches de gestion des cas. Il faudrait aussi déterminer le meilleur moyen d’optimiser la stratégie dans le cadre de la santé infantile au sens large, par exemple en combinaison avec des interventions ciblant l’anémie chez l’enfant, dans différents groupes d’âge et dans les admissions pour d’autres motifs qu’une anémie sévère.

Des obstacles liés à la demande et à l’approbation peuvent aussi freiner l’adoption de la CPSH à grande échelle. Des questions de coût et d’efficacité se posent dans certains cas, lorsque les ressources sont limitées compte tenu des priorités concurrentes. Il est non seulement nécessaire d’améliorer la sensibilisation à la CPSH, mais également de veiller à la préparation des systèmes de santé. Pour cela, il convient par exemple de former adéquatement le personnel, d’améliorer le recrutement et les liaisons avec les agentes et agents de santé communautaires, et de mettre en place des chaînes d’approvisionnement fonctionnelles pour la disponibilité des médicaments. Enfin, des freins interviennent au niveau des personnes soignées, comme la faible observance du traitement ou l’hésitation du personnel de santé quant à la posologie.


[1] Anémie (who.int)

[2] Post-discharge morbidity and mortality in children admitted with severe anaemia and other health conditions in malaria-endemic settings in Africa: a systematic review and meta-analysis – PMC (nih.gov)

[3] Phiri KS, Calis JCJ, Faragher B, Nkhoma E, Ngoma K, Mangochi B, et al. Long term outcome of severe anaemia in Malawian children. PLoS One. 2008;3:e2903.

[4] Rapport 2023 sur le paludisme dans le monde. Genève : Organisation mondiale de la Santé ; 2023. Licence : CC BY-NC-SA 3.0 IGO

[5] Accelerating anaemia reduction: a comprehensive framework for action. Genève : Organisation mondiale de la Santé ; 2023. Licence : CC BY-NC-SA 3.0 IGO

[6] Lignes directrices de l’OMS sur le paludisme, 16 octobre 2023. Genève : Organisation mondiale de la Santé ; 2023. (WHO/UCN/GMP 2023.01 rév. 1). Licence : CC BY-NC-SA 3.0 IGO

[7] Phiri KS, Khairallah C, Kwambai TK, Bojang K, Dhabangi A, Opoka R, et al. Post-discharge malaria chemoprevention in children admitted with severe anaemia in malaria-endemic settings in Africa: a systematic review and individual patient data meta-analysis of randomised controlled trials. Lancet Global Health. 2023

[8] Economic evaluation of postdischarge malaria chemoprevention in preschool children treated for severe anaemia in Malawi, Kenya, and Uganda: A cost-effectiveness analysis – eClinicalMedicine (thelancet.com)


 

Portée de l’appel à propositions

Dans le cadre de cet appel, Unitaid sollicite des propositions concernant l’intervention décrite ci-dessous et destinée à accélérer la mise en œuvre et à générer des données probantes afin de catalyser l’adoption et le renforcement de la CPSH pour réduire la charge de morbidité de l’anémie et du paludisme chez les enfants :

Mise en œuvre multi-pays de la CPSH avec génération de données probantes comblant les principales lacunes de connaissances afin d’éclairer les orientations futures et d’accélérer l’adoption de la stratégie. 

Les propositions doivent inclure des projets de mise en œuvre dans divers environnements représentatifs visant à produire des données probantes robustes et transférables sur l’impact, la mise en application et le rapport coût-optimisation des ressources de la CPSH ; dans le but d’éclairer l’intensification à l’échelle nationale.

Ces stratégies doivent être adaptées à des contextes de pays spécifiques, y compris avec des approches infranationales et différentes plateformes d’exécution (par les agentes et agents de santé communautaires ou au niveau des structures). Les projets évalueront les principaux obstacles au déploiement de la CPSH et mettront en œuvre des activités destinées à créer un environnement favorable à l’adoption de la CPSH, notamment en soutenant les chaînes d’approvisionnement, les ressources humaines, la mise à jour des directives nationales et les trajectoires de développement à grande échelle.

L’effort de génération de données probantes cherchera à répondre aux besoins de recherche identifiés par l’OMS et les agents d’exécution dans les pays : amélioration de l’observance à grande échelle par différentes approches, détermination des mécanismes de coordination optimaux, de l’impact à long terme, de l’efficacité de la CPSH dans différents groupes cibles (p. ex. les personnes qui se rendent à l’hôpital pour d’autres causes qu’une anémie sévère) et pour différentes durées d’intervention dans différents contextes, et détermination du coût de différentes approches de déploiement.

Les stratégies doivent inclure l’évaluation de la faisabilité de la CPSH dans les contextes où d’autres stratégies de prévention et de lutte contre le paludisme sont mises en œuvre. L’intégration avec d’autres stratégies pour la santé infantile, comme la prise en charge holistique de l’anémie sévère ayant différentes causes, le recours à une supplémentation de micronutriments multiples ou de fer, et des interventions nutritionnelles et de prévention des infections bactériennes, pourrait aussi être envisagée.

Une proposition solide doit apporter la preuve d’une coordination pluridisciplinaire précoce avec les programmes nationaux, les autorités régionales, la société civile et les partenaires mondiaux. Des efforts doivent être déployés pour garantir l’approbation et le financement du déploiement à l’échelle tout au long du projet.

Conditions à remplir par les propositions

Les candidats doivent clairement décrire la conception générale de leur projet avec une théorie du changement démontrant comment les objectifs de l’initiative seront atteints et comment les activités proposées s’inscriront dans un ensemble global cohérent. Les propositions doivent exposer clairement l’impact visé au cours du projet, et décrire la façon dont il sera obtenu et pérennisé.

Les candidats doivent justifier d’une solide expertise dans les domaines d’intervention nécessaires pour entreprendre le projet, et notamment de la mise en œuvre de projets multipays à grande échelle de même nature et de la génération de données probantes robustes. Une large collaboration avec les parties prenantes concernées sera indispensable à la réalisation des objectifs du projet, y compris par le biais de mécanismes de coordination efficaces et de partenariats bien articulés. Les candidats doivent désigner clairement les principales parties prenantes avec lesquelles ils s’engageront, en précisant les modalités de ces engagements. Il est demandé de joindre un modèle d’engagement national mentionnant la coordination et la coopération avec les pays pour les décisions relatives à l’adaptation de la conception des programmes d’élimination, à la surveillance de leur introduction et à l’évaluation de leur impact. La mobilisation des parties prenantes gouvernementales dans toutes les phases de la planification et de la mise en œuvre fournira des indications utiles aux projets sur les contextes locaux, les cadres politiques et les priorités des parties prenantes. Cette collaboration aboutira à une conception plus éclairée et efficace du projet, renforcera l’adoption par les partenaires gouvernementaux et pérennisera les résultats du projet au-delà de la période de financement de la subvention.

Les candidats doivent expliciter clairement les hypothèses qui sous-tendent leur approche proposée et relever tout risque important ou tout autre facteur susceptible d’influer sur les résultats. Enfin, il est attendu que les propositions décrivent une démarche épurée, concrète et claire conduisant aux résultats et à l’impact.

Informations supplémentaires

Unitaid considère le travail avec les communautés comme un élément essentiel à la création de la demande. À ce titre, nous encourageons fortement l’adoption d’approches inclusives, ainsi qu’un engagement précoce, significatif et soutenu des communautés en faveur des conditions de vie et de la santé des personnes les plus vulnérables. Les communautés affectées et les collaborations planifiées avec d’autres groupes concernés, y compris les organisations à assise communautaire et les organisations de la société civile, jouent un rôle essentiel à toutes les étapes d’un projet ou d’un programme, y compris la conception. Ce rôle est un déterminant clé du succès. Les propositions envoyées présenteront clairement le budget des activités. Que ce soit à l’étape de la conception, de la planification, de la mise en œuvre ou de l’évaluation des activités et des programmes, les démarches dirigées par les communautés doivent être adéquatement prises en compte et suffisamment pourvues en financement et en ressources.

Unitaid donnera la priorité aux propositions dont les agents d’exécution primaires sont basés dans des pays en développement et présentent l’expérience de la mise en œuvre et l’expertise dans les domaines techniques et d’intervention sur le marché que requiert le projet. Si cela est possible et pertinent, Unitaid appuie également l’inclusion significative d’agents d’exécution secondaires basés dans des pays en développement dans les consortiums de mise en œuvre des projets proposés. L’objectif d’Unitaid est d’accorder des rôles de premier plan à un nombre croissant de partenaires de mise en œuvre issus de pays du Sud global. Cet objectif n’écarte en rien les propositions dirigées par ou faisant intervenir des partenaires issus de pays du Nord global. Dans tous les cas, Unitaid encourage la coordination et la collaboration parmi les agents d’exécution et s’attend à recevoir des propositions ayant un impact régional dans des marchés de pays à revenu faible et intermédiaire clés et présentant une trajectoire claire quant à leur impact mondial.

Unitaid s’est engagée à l’action climatique et environnementale dans ses investissements et s’attend à ce que ses partenaires prennent des engagements similaires. Les propositions doivent préciser : i) les efforts qui seront déployés pour réduire au minimum les émissions de carbone des activités du projet ; ii) les possibilités de contribuer à des avantages connexes climatiques ou environnementaux, en synergie avec les objectifs fondamentaux du projet. Le modèle de proposition contient des orientations et des définitions plus détaillées à ce sujet.

Les propositions doivent démontrer leur rapport coût-efficacité et un impact mesurable. Les propositions doivent comprendre une analyse de l’impact, du potentiel de mise à l’échelle et de la durabilité des interventions clés.

Les interventions au sein d’un seul pays n’entrent pas dans le champ d’application de cet appel à propositions.

Procédure de soumission des propositions
Aux fins de l’élaboration de votre proposition, veuillez vous référer aux documents suivants :
Pour en savoir plus

Dates importantes

24 SEPTEMBRE 2024

Unitaid tiendra un webinaire pour présenter les domaines couverts par l’appel à propositions et son contenu ainsi que pour répondre à toute question de procédure le mardi 24 septembre à 14 h CET.

Pour vous inscrire au webinaire, veuillez compléter le formulaire en ligne. Veuillez noter que les informations de connexion seront envoyées aux participants inscrits quelques heures avant le début du webinaire. Unitaid s’efforcera de répondre aux questions. À cette fin, nous vous invitons à utiliser l’option qui vous permet de poser des questions lors de votre inscription au webinaire.

Si vous ne pouvez pas participer au webinaire, un enregistrement de la session sera disponible au bas de cette page peu de temps après le déroulement du webinaire. La participation au webinaire est facultative et vous avez la possibilité de répondre à l’appel à propositions en envoyant votre candidature avant la date limite renseignée ci-dessous.

4 NOVEMBRE 2024

La date limite de réception des propositions complètes est fixée au lundi 4 novembre 2024 à 12 h (midi) CET. Les candidatures reçues après cette date ne seront pas prises en compte.

Veuillez noter qu’une proposition n’est considérée comme soumise que lorsque vous recevez un courrier électronique d’Unitaid qui en accuse réception.

Veuillez noter que l’accusé de réception n’est pas un message automatisé et qu’il vous sera envoyé dans un délai d’un jour ouvrable après la date limite. Si, pour une raison quelconque, vous n’aviez pas reçu d’accusé de réception dans un délai d’un jour ouvrable, veuillez contacter proposalsUnitaid@who.intVeuillez noter que notre système de messagerie électronique accepte les messages d’une taille maximale de 8 Mo. Pour les soumissions dépassant cette taille de fichier, veuillez répartir les pièces jointes sur plusieurs messages.

Ressources

Pour avoir accès aux réponses aux questions fréquemment posées relatives à l’élaboration de propositions (document mis à jour régulièrement), veuillez cliquer ici
Télécharger

Les candidats doivent indiquer clairement les hypothèses sur lesquelles repose l’approche qu’ils proposent et souligner tout risque majeur ou facteur éventuel susceptible d’influer sur l’obtention des résultats. Enfin, les propositions doivent faire état d’une voie à suivre simple, concrète et claire pour atteindre les résultats et l’impact escomptés.

Après l’évaluation des propositions et l’approbation du Conseil d’administration d’Unitaid, tous les candidats seront officiellement avertis s’ils seront invités à élaborer une convention de subvention pour recevoir un financement d’Unitaid.