Déclaration conjointe de S. E. Madame l’Ambassadrice Margarida Rosa Da Silva Izata, directrice de la délégation africaine au comité exécutif d’Unitaid, et du docteur Philippe Duneton, directeur exécutif, Unitaid
Les efforts de santé publique visant à lutter contre le paludisme et à l’éliminer en Afrique sont menés dans un environnement difficile, caractérisé par le changement climatique, la résistance aux insecticides, la présence de moustiques vecteurs invasifs et la menace croissante de pharmacorésistance.
L’Afrique est la région sur laquelle pèse le plus lourd fardeau du paludisme, avec un nombre de décès estimé en 2021 à 595 000, dont la grande majorité touche des enfants âgés de moins de cinq ans. Environ 70 % de tous les cas et décès de paludisme se concentrent dans 11 pays, dont tous sauf un se situent en Afrique.
D’après l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), l’empreinte géographique et l’intensité des maladies dues à des vecteurs telles que le paludisme sont vouées à augmenter avec le réchauffement mondial. Les scientifiques prévoient une reproduction plus rapide des moustiques à mesure que les températures s’élèvent, augmentant ainsi la probabilité de transmission de la maladie.
Les villes des régions côtières d’Afrique sont de plus en plus exposées à des inondations saisonnières répétées, ce qui amplifie le risque de maladies transmises par des vecteurs. Les événements météorologiques extrêmes sont également plus fréquents. En 2022, l’Afrique du Sud a connu une inondation torrentielle d’une ampleur inédite sur sa côte maritime orientale. Cette année au Mozambique, il a plu davantage en quatre semaines qu’en plus d’une année de précipitations.
Pendant ce temps, certaines régions sont confrontées à une alternance d’inondations et de sécheresse, ce qui accélère la migration vers les villes, où les épidémies de paludisme pourraient devenir plus fréquentes.
La propagation d’Anopheles stephensi, une espèce invasive de moustique qui prolifère dans les villes et peut transmettre les deux parasites du paludisme Plasmodium falciparum et Plasmodium vivax, représente une nouvelle menace. Le moustique, qui est originaire d’Asie du Sud et de la péninsule arabe, a été détecté dans un nombre croissant de pays africains et résiste à de nombreux insecticides actuellement utilisés. Les scientifiques étudient les liens entre le changement climatique et la propagation de cette espèce.
L’OMS considère que l’invasion d’Anopheles stephensi constituera une menace potentielle majeure pour la lutte contre le paludisme et son élimination en Afrique. Si Anopheles stephensi s’installe dans les villes africaines à croissance rapide, les cas de paludisme pourraient augmenter rapidement et compromettre les progrès réalisés pour atténuer le fardeau de la maladie.
Alors que l’impact du changement climatique évolue, d’autres menaces biologiques sont préoccupantes. Les moustiques qui transmettent le paludisme développent une résistance aux insecticides utilisés pour les éloigner ou les détruire. On observe en outre une résistance croissante du parasite à l’artémisinine, le principal composant des meilleurs médicaments disponibles pour traiter le paludisme. La résistance est apparue tout d’abord en Asie du Sud-Est, mais elle s’intensifie désormais sur le continent africain. L’urgence et les implications potentielles de la résistance aux médicaments antipaludiques ont généré un appel à l’action au sein de la communauté mondiale de la santé. En novembre 2022, l’OMS a publié une Stratégie de riposte face à la résistance aux antipaludiques en Afrique, un document technique de sensibilisation visant à réduire au minimum la menace et l’impact de la résistance à l’artémisinine.
Point encourageant, une multitude d’innovations, dont nombre d’entre elles ont été financées par Unitaid, s’attaquent frontalement aux difficultés et pourraient modifier radicalement le paysage.
L’une des priorités consiste à maintenir l’efficacité des moustiquaires imprégnées d’insecticide et à atténuer la résistance. Ces moustiquaires ont constitué un pilier de la réponse au paludisme depuis des décennies et reste, comme l’indique l’OMS, une « pierre angulaire essentielle de la lutte contre le paludisme ».
Unitaid mène des actions sur des nouveaux outils de lutte antivectorielle qui devraient réduire le paludisme de plus d’un quart d’ici 2030. Parmi ces initiatives prometteuses, on peut citer de nouvelles moustiquaires imprégnées de différentes associations d’insecticides pour contrer la résistance des moustiques, des répulsifs spatiaux qui libèrent des produits chimiques dans l’air pour empêcher les moustiques de piquer les personnes dans un espace donné et le traitement des personnes et du bétail par des médicaments qui tuent les moustiques qui les piquent.
« Un ensemble complexe de problèmes, notamment le changement climatique et la résistance aux insecticides, met à mal les efforts de lutte contre le paludisme en Afrique », a précisé le directeur exécutif d’Unitaid, docteur Philippe Duneton. « Unitaid s’engage à garantir l’adoption généralisée d’une nouvelle génération d’outils de lutte antivectorielle, pour ne pas manquer de moyens de lutte contre la maladie ».
Des traitements visant à prévenir le paludisme chez les femmes enceintes et les enfants exposés à un risque d’infection pendant la saison des pluies, ainsi que de nouveaux vaccins antipaludiques, gagnent de la vitesse alors que les années de travaux innovants financés par Unitaid portent leurs fruits. Dans sa stratégie de réponse à la résistance aux médicaments antipaludiques en Afrique, l’OMS considère que la chimioprévention et les vaccins représentent des interventions majeures. Mais les hésitations ou le refus du vaccin restent préoccupants.
Il n’y a pas de temps à perdre. Les preuves montrent que nous avons accumulé un net retard par rapport aux objectifs ambitieux de l’OMS de réduire l’incidence et les taux de mortalité du paludisme d’au moins 75 % d’ici 2025 et d’au moins 90 % d’ici 2030, par rapport à 2015, l’année de référence.
Le financement atteint moins de la moitié de ce qui est nécessaire au niveau mondial pour maintenir le cap et en finir avec la menace majeure de santé publique qu’est le paludisme.
Étant données les contraintes financières strictes, nous devons intensifier le rythme de la recherche et du développement, l’introduction de produits et les activités d’influence du marché. Il est essentiel de surmonter les obstacles à l’accès aux innovations prometteuses pour remettre l’Afrique sur la voie de l’élimination du paludisme.
Unitaid sollicite des propositions et des partenaires d’investissement pour atténuer la résistance aux médicaments antipaludiques en Afrique. Un appel à propositions sera bientôt lancé pour élaborer des stratégies efficaces d’administration des nouveaux outils de lutte antivectorielle, afin de favoriser l’adoption et de répondre aux menaces émergentes.
L’Afrique doit jouer un rôle majeur dans l’avancée de la lutte contre le paludisme. « Comme l’Afrique supporte un lourd fardeau de la maladie, il est vraiment nécessaire que les dirigeants africains viennent à bout du paludisme et s’appuient sur des services de soins de santé primaires robustes et sur l’introduction accélérée de nouveaux produits et de nouvelles techniques », a précisé S. E. Madame l’Ambassadrice Margarida Rosa Da Silva Izata, directrice de la délégation africaine au comité exécutif d’Unitaid.
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