La lutte mondiale contre le paludisme a connu des avancées remarquables entre 2000 et 2015. L’introduction des traitements combinés à base d’artémisinine, recommandés par l’Organisation mondiale de la Santé depuis 2001, a joué un rôle crucial dans la réduction des cas de paludisme et a permis de sauver des millions de vies – principalement des jeunes enfants et des femmes enceintes. Associés à d’autres interventions, telles que les moustiquaires imprégnées d’insecticide et la pulvérisation intradomiciliaire, ces traitements ont permis d’éviter plus de 2 milliards de cas de paludisme et près de 13 millions de décès depuis 2000.
Mais les progrès ont ralenti ces dernières années. La résistance aux insecticides et aux médicaments menace aujourd’hui certaines des interventions les plus efficaces contre le paludisme, tandis que les récentes coupes budgétaires dans la santé mondiale posent de nouveaux défis à une riposte déjà en perte de vitesse.
La résistance aux traitements combinés à base d’artémisinine – recommandés pour lutter contre le parasite du paludisme – pourrait rendre ces médicaments essentiels inefficaces si des mesures urgentes ne sont pas prises pour réduire les coûts et diversifier les sources d’approvisionnement.
Unitaid collabore avec ses partenaires pour améliorer la prise en charge des cas et soutenir l’introduction de multiples traitements de première ligne, dans le but de ralentir la propagation de la résistance, de maintenir l’efficacité des traitements à travers les différentes régions, et d’instaurer une approche plus durable et résiliente dans la lutte contre le paludisme.
Cela s’appuie sur notre action pour lutter contre la résistance aux insecticides – une menace majeure pour les interventions fondamentales de lutte antivectorielle comme les moustiquaires et la pulvérisation intradomiciliaire. Une initiative majeure, le projet New Nets, a adopté une approche multidimensionnelle pour l’introduction de nouveaux produits, alliant interventions de structuration du marché pour augmenter l’offre et réduire les coûts, à des recherches cliniques ayant permis d’obtenir une recommandation de l’OMS en un temps record. Ce projet, soutenu par le Fonds mondial et la President’s Malaria Initiative, a permis de distribuer 56 millions de moustiquaires entre 2019 et 2022, évitant environ 13 millions de décès en Afrique subsaharienne.
Parallèlement, nous travaillons à compléter et renforcer la protection offerte par les moustiquaires grâce à l’introduction de nouveaux outils, tels que les répulsifs spatiaux. Il s’agit de dispositifs innovants de diffusion d’insecticide, accrochés aux murs, qui libèrent lentement des substances chimiques dans l’air pour repousser les moustiques et prévenir les piqûres. Nous investissons dans la recherche nécessaire pour évaluer leur impact contre le paludisme et promouvoir ce qui pourrait devenir la première nouvelle classe d’outil de lutte antivectorielle à intégrer la réponse au paludisme depuis des décennies.
Mais nous ne pouvons pas perdre de temps. En cette Journée mondiale de lutte contre le paludisme, nous nous joignons à nos partenaires à travers le monde pour appeler à un engagement et à des investissements renouvelés afin d’accélérer la lutte contre cette maladie. La campagne mondiale de cette année — « Le paludisme s’arrête avec nous : réinvestir, réimaginer, raviver » — nous rappelle qu’il est encore possible d’éliminer le paludisme. Mais cela nécessitera une collaboration renforcée, un financement soutenu et des innovations pour relever les défis à venir. Si nous n’agissons pas ensemble, et dès maintenant, pour garantir que les outils vitaux contre le paludisme parviennent à ceux qui en ont le plus besoin, nous risquons d’annuler des décennies de progrès durement acquis et de mettre des millions de vies en danger.
Kyle Wilkinson
Chargé de communications
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