Chaque mois, Muzamusse parcourt plusieurs kilomètres depuis son domicile, situé dans un village reculé de la province de Sofala, au Mozambique, jusqu’à l’établissement de santé le plus proche. Accompagnée d’amis et de voisins qui recherchent également des soins de santé essentiels, elle emmène sa fille Elisa, âgée de 22 mois, pour un bilan de santé et pour recevoir des médicaments antipaludiques.
Le Mozambique est l’un des quatre pays où l’on recense près de la moitié des cas de paludisme dans le monde, et les jeunes enfants comme Elisa sont les plus exposés.
Un médicament préventif efficace et abordable contre le paludisme, appelé sulfadoxine-pyriméthamine (SP), peut fournir une protection essentielle contre la maladie aux personnes les plus vulnérables. En fait, ce médicament est déjà largement utilisé en association avec d’autres médicaments pour prévenir le paludisme dans les régions d’Afrique qui connaissent des pics saisonniers de transmission, et on estime qu’il a sauvé la vie de trois quarts de million d’enfants au cours de la décennie qui a suivi sa première mise à l’essai.
Mais la mise en œuvre en dehors de ces zones – par le biais d’une intervention similaire connue sous le nom de chimioprévention du paludisme pérenne (CPP) – a été limitée. Bien que l’Organisation mondiale de la Santé ait recommandé son administration aux nourrissons en 2010, un seul pays l’a mise en œuvre à l’échelle nationale. Des perceptions erronées sur le médicament, un manque de politiques favorables et une définition floue de la meilleure façon d’intégrer et de déployer l’intervention ont contribué à son adoption limitée.
Unitaid, Population Services International (PSI) et la London School of Hygiene and Tropical Medicine travaillent dans le cadre du projet Plus pour relever ces défis, en étroite collaboration avec les programmes nationaux de lutte contre le paludisme au Bénin, au Cameroun, en Côte d’Ivoire et au Mozambique. L’objectif est de mettre au point des modèles de distribution permettant d’administrer efficacement quatre à huit doses de traitement antipaludique aux enfants de moins de deux ans. En travaillant dans ces quatre pays aux contextes paludéens distincts, le projet Plus produira des données précieuses qui aideront à orienter une mise en œuvre plus large dans la région.
Les agents de santé communautaires comme Louis jouent un rôle central dans ce travail.
Il fait du porte-à-porte pour diffuser des informations sur la CPP et pour identifier et soutenir les mères dont les enfants sont en retard dans leurs vaccinations. Louis joue un rôle essentiel de lien entre les familles et les services de santé, en veillant à ce qu’elles aient accès aux services préventifs et aux consultations pour enfants en bonne santé, qui incluent désormais la CPP dans les districts ciblés.
Récemment, des stations de radio communautaires ont commencé à diffuser des messages sur la prévention du paludisme et les soins palliatifs afin de stimuler la demande. Cela semble avoir un impact : entre mars et décembre 2023, les agents de santé du Mozambique ont administré plus de 175 000 doses de SP pour la CPP, par l’intermédiaire des établissements de santé participant au projet Plus.
Dans les quatre pays, plus de 2 700 agents de santé communautaires et en établissement ont été formés à la sensibilisation et à l’administration de la CPP, et plus de 600 000 doses de SP ont été administrées à ce jour.
Lorsque Muzamusse, Elisa et les autres familles atteignent le centre de santé, l’infirmière Zaguma effectue des contrôles de routine sur la santé des enfants. Elle surveille le poids et la température des enfants, leur administre des vaccins et leur donne des SP pour prévenir le paludisme.
La CPP est fournie en même temps que d’autres interventions sanitaires préventives essentielles, telles que les vaccins et les suppléments vitaminiques et nutritionnels, et elle est intégrée dans les services de santé infantile existants. Comme les agents de santé communautaires contribuent à sensibiliser les gens et à les mettre en contact avec les soins, le projet Plus peut contribuer à accroître la couverture de la prévention du paludisme tout en améliorant l’accès des enfants aux soins de santé.
Après la visite d’Elisa au centre de santé, Muzamusse déclare : « Je rentre chez moi heureuse, parce que mon enfant a reçu un traitement pour prévenir le paludisme ».
Le projet Plus, financé par Unitaid et dirigé par Population Services International (PSI), joue un rôle important dans la lutte contre le paludisme et l’anémie chez les enfants. En intégrant la chimioprévention du paludisme pérenne (CPP) aux vaccinations de routine et aux visites de supplémentation en vitamine A, le projet vise à réduire le fardeau du paludisme dans les pays endémiques, notamment le Mozambique, le Bénin, le Cameroun et la Côte d’Ivoire.
Photos : Mwangi Kirubi/PSI
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