"Avant la pandémie de COVID-19, on ne réalisait pas complètement à quel point l’oxygène est essentiel pour la prise en charge des patientes et patients gravement malades. La pandémie nous a ouvert les yeux. L’oxygène, c’est la vie – aujourd’hui comme demain. Nous l’avons appris à nos dépens."
Lorsque la pandémie de COVID-19 s’est déclarée, Joseph Mphande travaillait comme ingénieur biomédical à l’hôpital universitaire Levy Mwanawasa de Lusaka, le deuxième plus grand établissement de santé de Zambie. Cet hôpital était le seul du pays à disposer d’un générateur d’oxygène par adsorption à pression modulée (PSA) fonctionnel capable de produire de l’oxygène de qualité médicale destiné aux patientes et patients.
L’oxygène médical est essentiel pour les interventions chirurgicales, les soins d’urgence et les soins intensifs, ainsi que pour le traitement des maladies respiratoires graves, notamment la COVID-19 et la pneumonie. Il est aussi essentiel pour le traitement des femmes enceintes présentant des complications, les nouveau-nés en détresse respiratoire et les personnes atteintes de paludisme grave, d’une infection à VIH à un stade avancé ou de tuberculose, entre autres problèmes de santé majeurs.
"Tout s’est passé très vite", raconte Joseph Mphande. "Nous avons reçu deux cas de COVID, puis 10… Et les chiffres ont continué de grimper en flèche. En un rien de temps, l’hôpital était devenu le principal centre COVID du pays. Mais nous ne pouvions pas suivre la cadence. Le réseau électrique était instable et les coupures de courant affectaient la capacité du générateur d’oxygène PSA à produire de l’oxygène. Pendant les coupures, les gens hurlaient : “Il n’y a pas d’oxygène !”
Joseph Mphande et ses collègues ont utilisé des bouteilles d’oxygène en complément du générateur d’oxygène PSA, mais cela n’a pas suffi. Chaque bouteille ne durait que 40 minutes, car chaque patient consommait jusqu’à 60 à 70 litres d’oxygène par minute alors que le générateur ne pouvait produire que 450 litres par minute. Parfois, lorsque plusieurs personnes utilisaient de grandes quantités d’oxygène, le générateur ne parvenait pas à répondre à la demande.
Il y a trois moyens de produire de l’oxygène médical : les concentrateurs d’oxygène, de petits appareils portatifs qui sont placés au chevet d’un patient et produisent de l’oxygène pour une personne à la fois, mais n’offrent que des débits d’oxygène à basse pression allant jusqu’à 15 litres par minute ; les générateurs d’oxygène PSA, de très grands générateurs d’oxygène complexes qui nécessitent d’importantes quantités d’électricité et une forte pression ; et les unités de séparation d’air, qui produisent de l’oxygène liquide en vrac, stocké dans de grands réservoirs, puis vaporisé à l’état d’oxygène gazeux de qualité médicale et acheminé dans un système hospitalier. L’oxygène liquide produit par les unités de séparation d’air est considéré comme le meilleur et est principalement utilisé dans les pays dotés d’installations de soins de santé robustes.
Lorsque la pandémie de COVID-19 s’est déclarée, Joseph Mphande venait tout juste de rentrer d’une formation de six mois sur le matériel médical dispensée en Chine, où il avait appris à utiliser et à entretenir des systèmes d’oxygène liquide en vrac. De manière générale, l’oxygène liquide est plus pur, peut être stocké plus efficacement, et est plus facile à utiliser et plus fiable que d’autres sources d’oxygène. Sur une base unitaire, l’oxygène liquide est également 20 % moins cher que l’oxygène de qualité médicale produit par un générateur PSA.
Dans le cadre des mesures prises par Unitaid face à la pandémie de COVID-19, le Ministère de la santé a coopéré avec l’Initiative Clinton pour l’accès à la santé afin d’installer un nouveau réservoir d’oxygène liquide à l’hôpital universitaire Levy Mwanawasa. Aujourd’hui, l’hôpital utilise le réservoir d’oxygène liquide en vrac en alternance avec le générateur PSA afin d’assurer la continuité de l’approvisionnement.
"Il reste difficile d’évoquer ce qui s’est passé pendant la pandémie. Je sais que nous avons sauvé beaucoup de vies, mais nous ne pouvons pas remplacer celles que nous avons perdues. Grâce au système d’oxygène liquide, les choses seront différentes si une nouvelle pandémie venait à se déclarer", estime Joseph Mphande. "Nous pourrons fournir de l’oxygène aux patientes et patients qui en ont besoin quotidiennement pour mieux respirer."
Joseph Mphande est désormais le coordonnateur national en charge de l’oxygène au Ministère zambien de la santé. Il a dirigé l’élaboration du nouveau Plan stratégique national pour l’oxygène médical (2022-2026), qui prévoit l’utilisation d’oxygène liquide en vrac pour renforcer les soins et faire face aux urgences sanitaires. Dans le cadre de ce nouveau plan, tous les établissements de santé qui reçoivent un grand nombre de patientes et patients sont encouragés à se doter de systèmes d’oxygène liquide en vrac et d’un générateur PSA de secours.
L’une des priorités d’Unitaid est d’assurer un accès durable, fiable et abordable à l’oxygène médical et au matériel d’oxygénation dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Grâce à son approche axée sur l’orientation des marchés, Unitaid collabore avec ses partenaires pour mettre en place des innovations telles que des systèmes d’administration d’oxygène de meilleure qualité et plus abordables ; renforcer la sécurité sanitaire en développant les capacités régionales de production d’oxygène ; créer des marchés sains et concurrentiels en négociant des prix plus bas avec les fournisseurs existants ; et faciliter le transfert de compétences et la formation des nouveaux fournisseurs afin de répondre aux normes de qualité, de réduire encore les prix et de créer des marchés plus concurrentiels. Unitaid aide également les gouvernements et les établissements de santé à trouver le système d’oxygène le plus adapté à leurs besoins.
"Pour mettre en œuvre notre plan national, nous devons installer des réservoirs d’oxygène liquide dans d’autres établissements. Nous devons également briser le monopole de l’oxygène liquide afin de pouvoir baisser les prix", déclare-t-il. "L’oxygène liquide peut être un vecteur d’égalité dans l’approvisionnement en oxygène et la prestation de services."
Face à la pandémie de COVID-19, nous avons immédiatement mis à la disposition de 51 pays à revenu faible ou intermédiaire des fonds souples et un approvisionnement d’urgence en oxygène. Nous avons également joué un rôle de premier plan dans le Dispositif pour accélérer l’accès aux outils de lutte contre la COVID-19 (Accélérateur ACT), un mécanisme de collaboration novateur visant à assurer un accès équitable aux vaccins, tests et traitements contre la COVID-19. En tant que coresponsable du volet Traitements de l’Accélérateur ACT, en collaboration avec le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme et Wellcome, nous avons lancé le groupe spécial Urgence Oxygène pour remédier à la pénurie aiguë d’oxygène dans la lutte contre la pandémie. Ce groupe spécial a levé plus d’un milliard de dollars des États-Unis pour améliorer l’accès à l’oxygène médical, augmenter la production, négocier de meilleurs prix et fournir des conseils techniques aux gouvernements.
Pour plus d’informations sur la façon dont nous travaillons pour accroître l’accès durable à l’oxygène médical, veuillez lire notre dernière note d’information.
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