Unitaid cherche plus particulièrement à accélérer l’accès aux outils optimaux pour la prévention secondaire du cancer du col de l’utérus et leur déploiement dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.

L’objectif de cet appel à propositions est d’identifier des projets qui pourraient faire tomber les obstacles à l’accès aux outils améliorés de prise en charge de la maladie au stade précancéreux, avoir un effet catalytique sur le marché et accompagner l’adoption de ces outils. Cela permettrait de réduire la charge de mortalité croissante imputable au cancer du col de l’utérus en général dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, et en particulier chez les femmes co-infectées par le VIH. En rendant plus efficace l’action mondiale et celle à l’échelle des pays quant à la détection précoce du cancer du col de l’utérus, Unitaid contribuera à l’élimination de cette maladie en tant que problème de santé publique, comme l’appelle de ses vœux l’OMS à l’occasion de l’Assemblée mondiale de la Santé de mai 2018.

Les stratégies qui identifient les femmes à risque de développer un cancer du col de l’utérus et qui les orientent vers une détection précoce et un traitement au stade précancéreux ont permis de réduire considérablement l’incidence du cancer du col de l’utérus et la mortalité imputable à cette maladie dans les pays à revenu élevé. Il faut de toute urgence faire évoluer le modèle utilisé pour le dépistage dans les pays à revenu faible ou intermédiaire afin d’obtenir de meilleurs résultats par un accès équitable à cette intervention qui sauve des vies. Les femmes vivant avec le VIH sont particulièrement vulnérables, la co-infection avec le VPH progressant plus souvent et plus rapidement vers un cancer du col de l’utérus.

Étant donné que la vaccination prophylactique contre le VPH n’a pas encore été introduite et déployée dans la plupart des pays à revenu faible ou intermédiaire, l’accès à des programmes efficaces de dépistage et de traitement est fondamental pour réduire la mortalité imputable au cancer du col de l’utérus dès aujourd’hui, et ça restera le cas dans les années à venir.

Un certain nombre d’outils disponibles sont recommandés en tant qu’interventions au bon rapport coût-efficacité et donc prioritaires pour les pays à revenu faible ou intermédiaire. Néanmoins, de nouveaux outils comme les tests moléculaires pour le VPH et les dispositifs de traitement alternatifs sont inaccessibles pour la plupart des populations  dans le besoin, avec des obstacles importants à l’accès aussi bien du côté de l’offre que de la demande. Ces obstacles signifient que les agents de santé des pays à revenu faible ou intermédiaire doivent utiliser des stratégies et des outils de qualité inférieure pour la prise en charge au stade précancéreux et la prévention de la mortalité imputable au cancer.

Le cancer du col de l’utérus est la première cause de décès chez les femmes dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Plus de 250 000 femmes meurent chaque année à cause d’un cancer du col de l’utérus, 90 % de ces décès se produisant dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. La distribution de la maladie recoupe en grande partie celle des infections au VIH. Le cancer du col de l’utérus est quatre à cinq fois plus fréquent chez les femmes infectées par le VIH que chez les femmes séronégatives. Une fois infectées par le VPH, elles sont plus susceptibles de développer des lésions pré-invasives qui progressent rapidement en cancer du col de l’utérus invasif et potentiellement mortel en l’absence de traitement.

À la suite d’un diagnostic du VIH, le dépistage du VPH est recommandé chaque année pour les jeunes filles et les femmes séropositives pour le VIH.^[1] Néanmoins, le dépistage du VPH ne concerne que 5 % des femmes dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. De nombreuses contraintes pèsent sur les outils de dépistage et de traitement actuellement disponibles dans les contextes défavorisés : sensibilité et efficacité limitées, absence de lien avec les services de soins après le diagnostic et inexistence du suivi, contraintes logistiques et lacunes au niveau des ressources humaines pour déployer efficacement les outils.

Des outils innovants devraient néanmoins bientôt arriver sur le marché. Ils pourraient permettre de déjouer plusieurs de ces obstacles et rendre possibles le dépistage précis et sans danger et le traitement des femmes dans le cadre d’une visite unique. Cela permettrait de gagner en efficacité, aussi bien en termes de ressources que de résultats pour la santé publique (mortalité). En association avec le déploiement du vaccin anti-VPH, ces outils de nouvelle génération laissent entrevoir la possibilité d’éliminer le cancer du col de l’utérus.

Un certain nombre de questions restent à traiter avant que ces innovations soient introduites, avec un socle de connaissances solide servant de base au déploiement de la détection précoce au sein des programmes nationaux fondés sur la population dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Même dans les pays où le déploiement de services spécialisés dans le cancer du col de l’utérus jouit d’un soutien politique fort, les outils émergents restent en grande partie inabordables, ce qui limite la capacité des pays et des bailleurs de fonds à se les procurer. En outre, il convient de s’attaquer à des facteurs comme la demande limitée et les obstacles réglementaires afin de créer et de pérenniser un marché. Il sera peut-être également nécessaire de comprendre l’approche la plus efficace pour mettre en place durablement les nouvelles solutions au sein des programmes existants.