Appel à propositions : De meilleurs outils pour la prévention et le traitement des hémorragies post-partum

Date De Publication
27 January 2021
Statut de l'appel
Closed
Échéance

mercredi, 07 avril 2021 à 12:00 heures

Unitaid a le plaisir d’annoncer le lancement d’un nouvel appel à propositions dans le domaine d’intervention suivant : « De nouveaux outils pour réduire la mortalité maternelle ».
L’objectif de cet appel à propositions est de mettre en œuvre des activités et de produire des données probantes permettant de catalyser l’adoption de médicaments efficaces et de soutenir le développement de nouvelles formulations de médicaments pour traiter les hémorragies post-partum (HPP) dans les pays les plus touchés.

Webinaire sur cet appel à propositions

Context

Malgré une réduction significative de la mortalité maternelle au cours des 30 dernières années, on n’observe aujourd’hui plus guère d’avancées à l’échelle mondiale. En 2017, près de 300 000 femmes sont mortes des suites d’une grossesse ou d’un accouchement[1]. La plupart de ces décès étaient évitables, et la grande majorité sont survenus dans des pays à revenu faible ou intermédiaire. Compte tenu de la charge de morbidité actuelle et du ralentissement des progrès, la trajectoire que nous suivons ne permettra pas d’atteindre les objectifs de baisse de la mortalité maternelle fixés dans le cadre des objectifs de développement durable. Pour réaliser ces objectifs d’ici 2030 et lutter contre les décès maternels, dont le nombre à l’échelle mondiale demeure inacceptable, il est nécessaire de déployer des efforts coordonnés et intégrés permettant d’élargir l’accès à des solutions de santé innovantes, y compris à de nouveaux produits pouvant sauver des vies.

La cause directe la plus fréquente de morbidité et de décès maternels est l’hémorragie post-partum (c’est-à-dire une perte sanguine excessive survenant après l’accouchement), qui est responsable de 20 % de la mortalité maternelle dans son ensemble[2]. L’adoption accélérée et le déploiement à grande échelle d’outils visant à réduire la morbidité et la mortalité maternelles dues à l’HPP permettraient, à court terme, de soutenir les efforts pour atteindre les objectifs en la matière dans les pays à forte charge de morbidité.

La plupart des cas d’HPP peuvent être évités grâce à des outils appropriés. En ce qui concerne la prévention, l’OMS recommande l’utilisation d’un utérotonique efficace au cours du troisième stade du travail[3]. D’après certaines études, pour 12 femmes qui bénéficient d’une prise en charge active au troisième stade du travail, un cas d’HPP est évité[4]. L’utilisation d’utérotoniques prophylactiques est essentielle pour réduire la mortalité due à l’HPP ; cependant, certains obstacles entravent l’accès à ces médicaments et leur adoption dans de nombreux pays à revenu faible ou intermédiaire.

Le problème de la qualité des utérotoniques disponibles constitue un obstacle majeur. L’ocytocine, médicament de première intention recommandé pour la prévention et le traitement de l’HPP, doit être stockée dans des conditions respectant la chaîne du froid pour rester efficace. Compte tenu des difficultés rencontrées dans de nombreux pays à revenu faible ou intermédiaire pour assurer un tel stockage, la qualité de ce produit est souvent médiocre. La qualité de l’ocytocine pâtit également de défauts de fabrication et de mauvaises pratiques de surveillance réglementaire et d’approvisionnement. Lors d’un essai sur le terrain mené par l’OMS sur des médicaments essentiels pour les femmes et les enfants, 64 % des échantillons d’ocytocine se sont avérés non conformes[5]. Lorsque la chaîne du froid ne peut pas être assurée, on utilise souvent du misoprostol, une alternative stable à la chaleur. Toutefois, comme pour l’ocytocine, des problèmes de qualité de ce médicament ont été identifiés[6]. La qualité des produits peut être compromise à plusieurs étapes de la chaîne complexe d’approvisionnement en médicaments, mais la surveillance est difficile en raison du nombre limité d’outils de contrôle rapide qui permettraient d’analyser la qualité d’un produit avant son administration[7].

L’ocytocine présente un autre problème : il est recommandé de ne l’utiliser qu’en présence d’une personne qualifiée pour faciliter l’accouchement, car le médicament doit être administré par injection intraveineuse ou intramusculaire. Le nombre d’accouchements assistés par un personnel qualifié reste faible en Afrique subsaharienne, ce qui limite l’accès à l’ocytocine pour de nombreuses femmes dans cette région[8]. Le misoprostol, disponible sous forme de comprimés, est recommandé par l’OMS pour les accouchements en dehors d’un établissement de santé et sans accoucheur qualifié ; il a récemment été recommandé de distribuer ce médicament lors des soins prénataux en vue d’une auto-administration (avec un suivi et une évaluation ciblés)[9]. Cette recommandation n’a pas encore été mise en œuvre à grande échelle.

Lorsque la prévention n’est pas efficace, l’OMS recommande l’acide tranexamique pour la prise en charge de tous les cas d’HPP dans le cadre du traitement standard de l’HPP. L’acide tranexamique est un médicament qui existe depuis longtemps, mais ce n’est que récemment qu’il a été recommandé pour le traitement de l’HPP[10]. Par conséquent, la sensibilisation et la connaissance de cette indication sont limitées et l’utilisation de ce médicament reste faible. En outre, l’acide tranexamique doit être administré par injection intraveineuse, ce qui limite son potentiel d’utilisation dans de nombreux pays à revenu faible ou intermédiaire.

De nouveaux médicaments aptes à surmonter les obstacles entravant l’accès aux soins actuels pour les cas d’HPP sont désormais disponibles. Par exemple, la carbétocine thermostable (un médicament utilisé pour la prévention de l’HPP qui ne nécessite pas de stockage dans des conditions respectant la chaîne du froid) est au stade précoce d’enregistrement, et des efforts sont déployés en vue de son introduction dans certains pays pionniers. En outre, de nouvelles formulations d’ocytocine non injectables et stables dans des conditions de chaleur sont en cours de développement. Des travaux sont également en cours pour évaluer des formes non injectables d’acide tranexamique (par exemple administrables par voie orale ou par inhalation). Ces nouvelles formulations de médicaments et ces nouvelles méthodes d’administration pourraient permettre de surmonter les obstacles entravant l’administration et d’élargir l’accès au niveau des communautés.

[1] OMS (2019), Évolution de la mortalité maternelle 2000-2017 : estimations de l’OMS, de l’UNICEF, de l’UNFPA, du groupe de la banque mondiale et de la division de la population des Nations Unies. Genève : OMS.

[2] Say, L., Chou, D., Gemmill, A., Tunçalp, Ö., Moller, A. B., Daniels, J. D., et al.Global Causes of Maternal Death: A WHO Systematic Analysis. Lancet Global Health, 2014, vol. 2, n° 6, p. e323-e333.

[3] OMS (2018), WHO recommendations: uterotonics for the prevention of postpartum haemorrhage. Genève : OMS.

[4] USAID (2007), Prevention of Postpartum Hemorrhage: Implementing Active Management of the Third Stage of Labor (AMTSL) (Rapport – en ligne). Disponible à l’adresse suivante : https://path.azureedge.net/media/documents/MCHN_popphi_amtsl_ref_man_1of3.pdf.

[5] OMS (2016), Survey of the Quality of Medicines Identified by the Commission on Life Saving Commodities for Women and Children (en ligne). Disponible à l’adresse suivante : https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/255550/9789241511117-eng.pdf.

[6] Torloni, M. R., Bonet, M., Betrán, A. P., Ribeiro-do-Valle, C. C., Widmer, M. (2020), Quality of medicines for lifethreatening pregnancy complications in low and middle-income countries: A systematic review. PLOS ONE, vol. 15, n° 7, e0236060.

[7] Lambert, P., McIntosh, M.P., Widmer, M., Evans, L., Rauscher, M., et al. (2020), Oxytocin quality: evidence to support updated global recommendations on oxytocin for postpartum hemorrhage. Journal of Pharmaceutical Policy and Practice, 13, 14.

[8] OMS (2020), Sexual and Reproductive Health – Skilled Birth Attendants (en ligne). Disponible à l’adresse suivante : https://www.who.int/reproductivehealth/topics/mdgs/skilled_birth_attendant/en/.

[9] OMS (2020), WHO recommendation on advance misoprostol distribution to pregnant women for prevention of postpartum haemorrhage. Genève : OMS.

[10] OMS (2017), WHO recommendation on tranexamic acid for the treatment of postpartum haemorrhage. Genève : OMS.

Portée de l’appel

Dans le cadre de cet appel, Unitaid sollicite des propositions pour les interventions suivantes, qui visent à accélérer l’adoption et le déploiement à grande échelle d’innovations destinées à réduire la mortalité maternelle due à l’HPP :

Faciliter l’adoption rapide de nouveaux médicaments récemment recommandés pour le traitement de l’HPP dans les pays à forte charge de morbidité

Unitaid sollicite des propositions de projets visant à accélérer l’introduction de médicaments pour le traitement de l’HPP qui sont disponibles depuis peu (par exemple la carbétocine thermostable) et/ou qui ont récemment été recommandés pour le traitement de l’HPP (par exemple l’acide tranexamique ou la distribution de misoprostol au niveau communautaire). Les projets doivent s’attaquer aux principaux obstacles qui entravent l’adoption et la diffusion des politiques, les achats et l’approvisionnement, ainsi que la prestation de services. Plus particulièrement, les propositions doivent être fortement axées sur la création d’une demande pour les responsables politiques, pour les prestataires et pour les patients, et elles doivent témoigner d’un engagement étroit avec les organisations communautaires et les organisations de la société civile. Ces projets devraient en outre comprendre des initiatives pilotes de mise en œuvre démontrant l’impact, la rentabilité et la faisabilité opérationnelle d’une expansion des possibilités d’administration en vue d’assurer une utilisation à plus grande échelle.  Les activités pourraient également inclure la promotion de nouveaux médicaments grâce à des solutions favorisant l’adoption précoce, par exemple en facilitant l’enregistrement dans les pays concernés, ou grâce à la réalisation d’études visant à valider des stratégies appropriées de conditionnement, d’administration et de formation. Pour maximiser l’impact, les modèles de mise en œuvre doivent prévoir l’administration des produits dans les établissements de santé les plus défavorisés dans lesquels l’utilisation est recommandée. Ils doivent également être transférables à d’autres contextes dans lesquels l’HPP présente une forte charge de morbidité pour permettre un éventuel élargissement de l’utilisation dans des pays qui ne participent pas au projet.

Les nouveaux médicaments pour le traitement de l’HPP et ceux qui ont récemment été recommandés devront être adoptés dans le cadre d’un ensemble intégré de soins pour la prise en charge de l’HPP. Les propositions doivent donc indiquer clairement la manière dont les activités proposées s’intégreront aux programmes existants et aux efforts prévus pour soutenir une approche holistique de la prise en charge de l’HPP. Bien que les propositions doivent essentiellement se concentrer sur le positionnement des nouveaux médicaments et des médicaments récemment recommandés en vue d’un déploiement à grande échelle, Unitaid tiendra également compte des efforts annexes limités qui soutiennent l’amélioration de l’accès à d’autres outils de prise en charge de l’HPP, à condition qu’ils comprennent une démarche d’expansion claire et témoignent de l’implication des acteurs locaux. Par exemple, il pourrait s’agir d’approches innovantes visant à résoudre les problèmes de qualité des médicaments actuellement disponibles (par exemple des outils abordables et peu dépendants des technologies qui permettraient de détecter les médicaments pour le traitement de l’HPP dont la qualité est insuffisante, comme des tests sur papier et des indicateurs temps-température intégrés).

Les propositions doivent démontrer la manière dont les projets proposés permettront d’exploiter d’autres initiatives qui mettent en œuvre de nouvelles approches en matière de prévention et de traitement de l’HPP, et de créer des synergies avec de telles initiatives. Les activités pilotes doivent également témoigner d’un lien étroit avec les programmes nationaux et d’une relation avec d’autres partenaires nationaux et régionaux afin de garantir un environnement propice à la durabilité et à l’appropriation au-delà de la durée de vie du projet. Il conviendra notamment de veiller à traduire les résultats des projets pilotes en activités qui soutiendront la transition et l’adoption des solutions à plus grande échelle dans les pays participant au projet et au-delà. Cet aspect ne doit pas se limiter aux étapes finales du projet : l’objectif doit être de garantir, dès le départ, un engagement national fort en faveur de l’adoption du produit ainsi qu’une implication significative des communautés. Dans le cadre de l’objectif plus large de durabilité, il convient d’examiner activement les possibilités de cofinancement des activités pilotes de mise en œuvre.

Soutenir le stade de développement avancé de nouvelles formulations et/ou de nouvelles méthodes d’administration des médicaments

Cet appel sollicite également des propositions visant à accélérer le développement de nouvelles formulations de médicaments et/ou de nouvelles méthodes d’administration de médicaments pour la prévention et le traitement de l’HPP. Les produits proposés doivent permettre de remédier aux limites que présentent les médicaments actuellement disponibles pour la prise en charge de l’HPP, telles que l’administration par injection. Les nouveaux produits doivent être adaptés de manière à pouvoir être administrés à des niveaux du système de santé disposant de moyens limités, idéalement au niveau communautaire.

Le soutien aux stades de développement avancés peut inclure des études d’efficacité clinique plus importantes, des études de sécurité et de rentabilité et/ou des études comparatives avec les normes de soins cliniques. Il peut également comprendre l’élaboration d’un plan de commercialisation tenant compte de la taille du marché, de la viabilité du marché, des prix des produits et des cas d’utilisation potentiels, ainsi qu’une analyse des obstacles à l’introduction en termes de demande et d’offre (avec, par exemple, des évaluations de l’acceptabilité de la part des travailleurs de la santé) et un examen des voies de réglementation et de distribution.

Les candidats doivent décrire clairement les avantages du produit proposé et son stade actuel de développement, les résultats des études réalisées à ce jour, les plans de développement futurs, les procédures réglementaires, les stratégies de commercialisation et de fabrication, et les plans visant à assurer un large accès dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.

Les candidats sont encouragés à envisager des produits pouvant être introduits sur le marché dans un délai de trois à cinq ans (c’est-à-dire des produits qui pourraient être admissibles à l’achat par les principaux bailleurs de fonds et pays, avec la création d’une capacité d’approvisionnement suffisante pour répondre à la demande dans ce délai). En outre, Unitaid attend des nouveaux produits qu’ils puissent être distribués à plus grande échelle pour que leur accessibilité dans les pays à revenu faible ou intermédiaire soit assurée.

Les candidats peuvent soumettre des propositions pour l’un des domaines d’intervention décrits ci-dessus, ou pour les deux.

Les sujets qui ne sont pas couverts par le présent appel à propositions comprennent : les étapes de base et les étapes initiales de la recherche, le développement de nouvelles entités chimiques, les interventions dans un seul pays et les études de recherche à petite échelle.

Procédure de soumission des propositions
Pour élaborer une proposition, veuillez-vous référer aux documents suivants :
Pour en savoir plus

Dates importantes

9 FÉVRIER 2021

Unitaid tiendra un webinaire pour présenter les domaines couverts par l’appel à propositions et son contenu ainsi que pour répondre à toute question de procédure le mardi 9 février 2021 à 17 h 00 CET.

Pour vous inscrire au webinaire, veuillez compléter le formulaire en ligne ici. Veuillez noter que seuls les candidats inscrits recevront les détails de l’appel WebEx. Lors de votre inscription, vous aurez la possibilité d’envoyer des questions auxquelles Unitaid s’efforcera de répondre lors du webinaire.

Si vous ne pouvez pas participer au webinaire, un enregistrement de la session sera disponible peu de temps après sur cette page. La participation au webinaire est facultative et vous avez la possibilité de répondre à l’appel à propositions en envoyant votre candidature avant la date limite renseignée ci-dessous.

7 AVRIL 2021

La date limite de réception des propositions complètes est fixée au mercredi 7 avril 2021 à 12 h 00 (midi) CET. Les candidatures reçues après cette date ne seront pas prises en compte.

Veuillez noter qu’une proposition n’est considérée comme soumise qu’à réception d’un courrier électronique d’Unitaid qui en accuse réception.

Veuillez noter que l’accusé de réception n’est pas un message automatisé et qu’il vous sera envoyé dans un délai d’un jour ouvré après la date limite. Si, pour une raison quelconque, vous n’avez pas reçu de confirmation de réception dans ce délai, veuillez contacter proposalsUnitaid@who.int.

Veuillez noter que notre système de messagerie électronique accepte les messages d’une taille maximale de 8 Mo. Pour les soumissions dépassant cette taille de fichier, veuillez envisager de répartir les pièces jointes sur plusieurs messages.

Ressources

Réponses aux questions fréquemment posées relatives à l’élaboration de propositions (document mis à jour régulièrement), cliquez ici
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Les propositions doivent clairement démontrer l’utilisation d’approches innovantes et durables afin d’accélérer l’adoption de médicaments pour la prévention et le traitement de l’HPP. Les candidats doivent indiquer clairement les hypothèses sur lesquelles reposent l’approche qu’ils proposent et souligner tout risque majeur ou facteur éventuel susceptible d’influer sur l’obtention des résultats. Enfin, les propositions doivent faire état d’une voie à suivre simple, concrète et claire pour atteindre les résultats et l’impact escomptés.

Après évaluation des propositions et approbation du Conseil d’administration d’Unitaid, tous les candidats retenus seront invités à élaborer une convention de subvention pour recevoir un financement d’Unitaid.

Les candidats retenus doivent prévoir d’être disponibles pour une réunion de lancement avec Unitaid (à Genève, si possible) au début du troisième trimestre 2021 (date exacte à confirmer). En outre, les candidats retenus doivent disposer des ressources humaines suffisantes pour présenter une première version du plan du projet d’ici le troisième trimestre 2021.