Articles d’opinion

La transition de l’Afrique pour se libérer de sa dépendance vis-à-vis de l’aide

L’avenir des systèmes de santé africains sera guidé par les investissements nationaux et par la demande de médicaments fabriqués à l’échelle régionale

Rédigé conjointement par le ministre de la Santé et du Bien-être social du Nigeria, Dr Muhammad Ali Pate, et le directeur exécutif d’Unitaid, Dr Philippe Duneton.

Cet article a été publié initialement dans Think Global Health du Council on Foreign Relations.

Les responsables de la santé mondiale affrontent une nouvelle réalité : l’aide multilatérale s’étiole, des donateurs de premier plan se retirent et les pays à revenu faible ou intermédiaire, en particulier en Afrique, sont contraints de gérer des menaces sanitaires plus complexes, plus fréquentes et plus étendues avec moins de ressources. À l’heure où les systèmes de santé font face à une pression et à une imprévisibilité croissantes, le besoin de solutions pérennes pilotées localement n’a jamais été aussi pressant.

C’est pourquoi, alors que la fabrication régionale figurait en bonne place dans l’ordre du jour du Groupe de travail sur la santé du G20 la semaine dernière en Afrique du Sud, l’attention du monde entier se porte sur une vérité que de nombreux pays d’Afrique connaissent depuis longtemps : la sécurité sanitaire ne peut pas dépendre de fournisseurs lointains et d’une aide incertaine. Cette réalité impose non seulement de réfléchir, mais aussi de se réinventer.

C’est sans conteste pour la fabrication de produits de santé que cette nécessité est la plus urgente. L’Afrique supporte 25 % de la charge de morbidité mondiale – y compris les principales maladies infectieuses comme le VIH, la tuberculose et le paludisme – mais importe pourtant plus de 95 % des principes actifs et 70 % des produits pharmaceutiques qu’elle consomme [PDF]. Cette situation rend les pays vulnérables aux perturbations des chaînes d’approvisionnement, aux chocs de prix et aux revirements imprévisibles des donateurs. Les patients dépendant d’un accès régulier aux tests et aux traitements de qualité garantie constatent déjà ses effets dévastateurs.

Quelques chiffres permettent d’appréhender l’ampleur du défi : l’Afrique compte 1,5 milliard d’habitants, mais seulement 600 sites de fabrication de produits de santé. L’Inde, en revanche, compte 1,4 milliard d’habitants et quelque 10 000 sites, et en Chine, pour une population similaire, on dénombre 5 000 sites environ. Cette grande disparité expose davantage les nations africaines aux perturbations des chaînes d’approvisionnement mondiales ; elle limite leur capacité à répondre aux besoins locaux en matière de santé de manière rapide et autonome et à un coût abordable pour garantir que les produits essentiels sont disponibles quand et où ils sont nécessaires sans dépendre de fournisseurs lointains ou d’une aide incertaine.

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