Unitaid annonce un financement supplémentaire de 18 millions de dollars US au Centre de recherche sur les maladies infectieuses, partenaire de mise en œuvre basé au Cameroun, afin de promouvoir l’accès aux exito-répulsifs et d’étendre la recommandation de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Genève, le 13 août 2025 – Un nouvel outil de lutte antivectorielle, l’exito-répulsif, a démontré un potentiel considérable pour la protection contre le paludisme, d’après une étude financée par Unitaid. Les données obtenues ont conduit l’OMS à recommander son utilisation en association avec les moustiquaires imprégnées d’insecticide. Ce petit dispositif, que l’on appelle également diffuseur spatial, se suspend aux murs à l’intérieur des habitations. Il libère progressivement dans l’air des ingrédients actifs qui tuent les moustiques ou les empêchent de piquer.
S’appuyant sur ces résultats, Unitaid lance un nouvel investissement de 18 millions de dollars US afin de générer davantage de données probantes pour élargir les possibilités d’utilisation des exito-répulsifs, notamment en utilisation seule et dans différents contextes.
Les outils de lutte antivectorielle, comme les moustiquaires imprégnées d’insecticide ou la pulvérisation intradomiciliaire d’insecticide à effet rémanent, demeurent des piliers de la riposte mondiale au paludisme et contribuent à éviter des centaines de millions de cas dans les pays où la maladie est endémique. Cependant, leur efficacité décroît, car les moustiques développent une résistance croissante aux insecticides, ils modifient leur comportement et voient leur aire de répartition élargie en raison de l’urbanisation, du changement climatique et d’autres facteurs. La lutte contre le paludisme stagne, et il est plus urgent que jamais de trouver les nouveaux outils qui nous permettront de nous adapter aussi vite que les parasites à l’origine de la maladie et les moustiques qui la propagent.
La recommandation conditionnelle de l’OMS concernant l’utilisation des exito-répulsifs en association avec des moustiquaires imprégnées d’insecticide marque une avancée majeure pour l’élargissement de l’arsenal de prévention contre le paludisme. L’OMS a également émis une approbation de la qualité (ou préqualification) de deux produits exito-répulsifs, une étape essentielle qui permet aux centrales d’achats internationales d’acheter ces produits et de contribuer à étendre leur accès au sein des communautés touchées par le paludisme.
« Unitaid est fier d’avoir apporté son soutien à l’étude qui a permis de confirmer le potentiel des exito-répulsifs. Voilà des décennies qu’un nouveau type d’intervention n’avait pas été développé pour la lutte antivectorielle. Les exito-répulsifs nous ouvrent de nouvelles possibilités pour protéger les populations contre le paludisme et les autres maladies transmises par les moustiques. Désormais, notre priorité est d’accélérer l’accès à ces outils vitaux afin qu’ils atteignent plus vite les communautés affectées. »
Dr. Philippe Duneton
directeur exécutif d’Unitaid
Cette intervention pourrait se révéler particulièrement utile pour maintenir une protection même sans se trouver sous une moustiquaire, ou dans les situations où d’autres outils, comme les moustiquaires imprégnées d’insecticide ou la pulvérisation intradomiciliaire d’insecticide à effet rémanent, sont difficiles à mettre en œuvre. Les exito-répulsifs n’entrent pas en contact physique direct avec les personnes, c’est pourquoi ils peuvent être facilement adaptés pour libérer différents insecticides afin d’évoluer au même rythme que la résistance à ces substances.
La recommandation de l’OMS se fonde largement sur les éléments probants obtenus grâce au projet de recherche d’Unitaid sur la mise en œuvre d’exito-répulsifs à l’échelle mondiale (AEGIS), dirigé par l’Université Notre Dame. Dans le cadre de ce projet, un essai clinique réalisé au Kenya a démontré clairement que les exito-répulsifs, lorsqu’ils sont utilisés en association avec les moustiquaires imprégnées d’insecticide, réduisent d’un tiers les cas de paludisme.
Afin de générer davantage d’éléments probants sur les exito-répulsifs, et plus particulièrement sur la possibilité de les utiliser seuls, Unitaid a lancé un nouvel investissement de 18 millions de dollars US, et un investissement complémentaire est en cours de négociation. Le projet quinquennal Favoriser l’adoption d’une boîte à outils de lutte antivectorielle élargie afin de combattre le paludisme (CANVeCT) sera dirigé par le Centre de recherche sur les maladies infectieuses du Cameroun, en collaboration avec la Liverpool School of Tropical Medicine et la London School of Hygiene and Tropical Medicine.
Ce projet sera mis en œuvre au Cameroun et permettra de produire des éléments probants supplémentaires pour orienter l’évolution de la recommandation de l’OMS concernant l’utilisation des exito-répulsifs, tout en étudiant leur efficacité dans les contextes humanitaires. Il est d’autant plus important de vérifier l’efficacité des exito-répulsifs en utilisation seule au vu de l’aggravation des restrictions de financement à l’échelle mondiale, car celles-ci rendent la mise en œuvre simultanée de plusieurs interventions de moins en moins accessible à la majorité des programmes nationaux de lutte contre le paludisme.
Investissement d’ampleur, CANVeCT est dirigé par un partenaire de mise en œuvre situé dans un pays en développement où la maladie est endémique. À ce titre, il rappelle à quel point il est important que les pays assument la responsabilité et la direction de la lutte contre l’un des défis sanitaires les plus urgents de l’Afrique subsaharienne, où surviennent plus de 90 % des décès mondiaux imputables au paludisme. Dans la poursuite de son objectif d’équité et de pérennité, Unitaid accroît la proportion de ses financements allouée aux institutions implantées dans les pays en développement.
« Les exito-répulsifs pourraient accélérer les efforts d’élimination du paludisme. Nous sommes heureux qu’Unitaid nous ait confié ce projet et impatients de produire les éléments probants nécessaires à l’obtention d’une recommandation inconditionnelle de l’OMS, qui contribuera à catalyser l’adoption de ces outils pour la lutte contre le paludisme ».
Professeur Charles Wondji
Directeur exécutif du Centre de recherche sur les maladies infectieuses et responsable de la recherche dans le cadre du projet CANVeCT
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Notes aux éditeurs
Exito-répulsifs
Les exito-répulsifs sont des outils libérant dans l’air des principes actifs qui tuent les moustiques, les dissuadent d’entrer dans les espaces traités et les empêchent de trouver et de piquer des hôtes humains. En réduisant le contact entre les humains et les moustiques, ils aident à prévenir la transmission du paludisme. Les exito-répulsifs assurent une protection contre les piqûres de moustique, même quand les membres d’un foyer ne sont pas protégés par une moustiquaire imprégnée d’insecticide.
Recommandations conditionnelles de l’OMS
L’OMS émet une recommandation conditionnelle lorsqu’un groupe d’élaboration de lignes directrices détermine que les avantages d’une intervention sont probablement supérieurs à ses inconvénients, mais qu’un doute demeure. De manière générale, les recommandations conditionnelles précisent les conditions de mise en œuvre de l’intervention et encouragent une adoption précoce le temps que des études plus approfondies permettent d’enrichir la base de connaissance.
Programme de préqualification de l’OMS
Le programme de préqualification de l’OMS évalue la qualité, la sécurité et l’efficacité des produits soumis à son examen. Les rapports d’évaluation complets de l’OMS peuvent être consultés sur la page de chaque produit répertorié dans la liste des produits de lutte antivectorielle préqualifiés.
Projet AEGIS
Le projet de recherche AEGIS (pour Advancing Evidence for the Global Implementation of Spatial Repellents) porte sur la mise en œuvre des exito-répulsifs à l’échelle mondiale. Financé par Unitaid et dirigé par l’Université Notre Dame, il a permis de générer des éléments probants essentiels dans le cadre d’un essai clinique mené au Kenya, qui a largement contribué à la recommandation conditionnelle de l’OMS.
Kyle Wilkinson, responsable de la Communication
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