Communiqués de presse

Les moustiques vecteurs de maladies sont opposés à un nouvel ennemi

Dans un nouveau rapport de synthèse, Unitaid explore la possibilité de recourir à des moustiques génétiquement modifiés pour la lutte contre le paludisme, la dengue et d’autres maladies infectieuses.

Crédit photo : iStock

Le moustique est l’animal le plus meurtrier au monde. Il est associé à plus de 700 000 décès chaque année. Le paludisme est la cause de la majorité de ces décès, mais d’autres maladies transmises par des moustiques, comme la dengue, le chikungunya, la fièvre jaune ou le Zika, se propagent rapidement, mettant des millions de personnes en danger. Il est possible de modifier génétiquement les moustiques de manière à réduire la taille de leur population ou d’inhiber leur capacité à transmettre les parasites et les virus. Cette technique ouvre de nouvelles avenues pour la protection contre les maladies transmises par les moustiques.

Des populations de moustiques investissent des régions où la hausse des températures a créé des habitats qui leur sont favorables. Cette année seulement, des moustiques ont été détectés en Islande pour la première fois, et Aedes aegypti – l’espèce porteuse de la dengue, du chikungunya et du Zika – a été observée au Royaume-Uni. Ces développements montrent que le réchauffement climatique concourt à la propagation de maladies transmises par les moustiques dans des régions auparavant épargnées.

Avec les contraintes de financement et la résistance croissante aux insecticides et aux médicaments antipaludiques, ces enjeux menacent d’effacer des gains durement acquis contre le paludisme. Dans un même temps, les pays éprouvent des difficultés à endiguer la progression de la dengue et d’autres maladies transmises par les moustiques, et disposent de peu de moyens éprouvés pour riposter à cette menace grandissante. Sans nouveaux outils, des centaines de millions de personnes sont exposées à un risque accru d’infection par des maladies transmises par les moustiques.

Le nouveau rapport de synthèse d’Unitaid, Moustiques génétiquement modifiés : technologie et accès, met en lumière le rapport intime entre le climat et la santé, ainsi que l’importance de l’innovation pour la protection des communautés face à la menace grandissante des maladies transmises par les moustiques.

Dans ce rapport, Unitaid explore la possibilité d’utiliser des moustiques génétiquement modifiés pour alléger le fardeau des maladies à transmission vectorielle. On y décrit les obstacles à l’accès et les moyens de surmonter ceux-ci, et propose des avenues pour explorer le rôle que pourraient jouer les moustiques génétiquement modifiés dans la lutte contre le paludisme et d’autres maladies transmises par les moustiques.

L’ingénierie génétique n’est pas une technologie nouvelle – elle est largement utilisée en agriculture depuis des décennies – mais son application en santé publique a progressé plus lentement et arrive aujourd’hui à un tournant. Des moustiques génétiquement modifiés ont déjà été libérés dans le cadre de la lutte contre la dengue et le paludisme, et des essais sur le terrain visant à mettre à l’épreuve des technologies potentiellement plus efficaces sont prévus.

Les interventions actuelles de lutte antivectorielle atteignent leurs limites, a déclaré Jan Kolaczinski, directeur technique principal pour le paludisme d’Unitaid. Nous devons trouver de nouvelles solutions qui comblent les lacunes de la couverture et s’attaquent aux menaces biologiques de la résistance aux insecticides et des vecteurs invasifs et adaptables, afin de maintenir le progrès de la lutte contre les maladies à transmission vectorielle. Il nous faut évaluer minutieusement les moustiques génétiquement modifiés, au même titre que toute autre nouvelle technologie, afin de situer leur rôle potentiel parmi l’éventail des outils de lutte antivectorielle.

L’efficacité des moustiques génétiquement modifiés ne dépend d’aucun changement de comportement individuel, ce qui n’est pas le cas des autres mesures de lutte antivectorielle, comme la pulvérisation intradomiciliaire d’insecticide à effet rémanent ou les moustiquaires imprégnées d’insecticide, qui nécessitent par exemple de convaincre les personnes de laisser une équipe de pulvérisation entrer dans leur domicile ou de rappeler aux utilisateurs de dormir sous leur moustiquaire chaque nuit. Cependant, pour apaiser les craintes et combattre la désinformation, il importe que la libération de moustiques génétiquement modifiés soit largement acceptée par les communautés. Lorsque l’acceptabilité sociale est acquise, cette intervention peut protéger des communautés entières. Parmi les récents succès, on compte la libération de moustiques porteurs de Wolbachia à Niterói, au Brésil. Ces moustiques n’étaient pas génétiquement modifiés, mais portaient une bactérie réduisant leur capacité à transmettre la dengue. Cette intervention, qui a réduit des trois quarts le nombre de cas prévus de dengue selon les estimations, démontre le potentiel des approches biologiques dans la lutte contre la transmission des maladies.

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Kyle Wilkinson
Chargé de communication
Mobile: +41 79 445 17 45
Email: wilkinsonk@unitaid.who.int

Rapport complet : Moustiques génétiquement modifiés – Technologie et accès (en anglais)

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