Le problème
En Afrique subsaharienne, où les taux d’infection à VIH sont les plus élevés, les nouvelles infections sont plus fréquentes chez les femmes. De nombreuses femmes apprennent leur statut sérologique VIH lors d’un dépistage systématique pendant la grossesse, souvent au cours du deuxième ou du troisième trimestre. Les traitements antirétroviraux peuvent réduire la charge virale chez les femmes et ainsi prévenir la transmission du virus à l’enfant lors de l’accouchement, mais des médicaments à action rapide sont essentiels pour supprimer la charge virale à temps. En 2016, il a été démontré qu’un nouveau médicament, le dolutégravir, réduisait la charge virale plus rapidement que le traitement de première intention précédent à base d’éfavirenz, mais il n’avait pas été testé pendant la grossesse, ce qui limitait l’accès de nombreuses femmes.
Progrès
L’essai DolPHIN2 a commencé en 2017 en Afrique du Sud et en Ouganda, et les résultats ont révélé que 74 % des femmes traitées avec le dolutégravir avaient atteint une charge virale indétectable à l’accouchement, contre 43 % des femmes recevant l’éfavirenz. Parallèlement, une étude qualitative visant à relever les obstacles à l’usage du dolutégravir pour les femmes à un stade avancé de la grossesse a montré que la transition vers des schémas thérapeutiques à base de dolutégravir offrait la possibilité de renforcer les systèmes de santé dans les pays à revenu faible ou intermédiaire et de favoriser un accès équitable des femmes à un schéma thérapeutique antirétroviral optimisé. Et, surtout, l’Organisation mondiale de la Santé a pris en compte les résultats de l’essai et d’autres études dans la révision de ses directives sur le traitement du VIH, recommandant en juillet 2019 le dolutégravir en première intention pour toutes les populations. Avec deux autres essais cliniques sur l’utilisation du dolutégravir financés par Unitaid, cette étude a découvert une association entre le médicament, la prise de poids et l’hyperglycémie qui semblait toucher plus spécifiquement des populations africaines. Afin d’approfondir la question, Unitaid a approuvé les essais TRIO, une initiative conjointe qui a donné lieu au prolongement de trois études d’optimisation du traitement : ADVANCE, NAMSAL et DolPHIN2, pour que les observations se poursuivent jusqu’à 192 semaines. Ce protocole a permis de suivre les patientes plus longtemps et de coordonner et mettre en commun les données. COHIVE, une sous étude sur le COVID-19, a été incluse aux trois essais sur le dolutégravir afin que l’impact du COVID-19 sur les personnes vivant avec le VIH soit évalué.